
Par Pierre de Meuse.

Macron vient d’annoncer la reconnaissance de l’État palestinien. Cette déclaration suscite l’enthousiasme de la Gauche et de l’extrême Gauche, qui estiment que l’on ne va pas assez loin, et la fureur de la Droite, qui affirme que c’est trahir l’allié israélien. Qu’on nous pardonne de nous tenir à l’écart de cette polémique : les uns et les autres prennent parti pour de mauvaises raisons.
En effet, dans le Droit international traditionnel, le seul qui échappe à l’idéologie de guerre, la reconnaissance d’un État n’est pas l’expression d’un vœu mais la sanction de la réalité : un État doit être reconnu s’il réunit les quatre conditions : un territoire, un peuple, une autorité unique, et surtout l’effectivité du pouvoir sur les deux premiers éléments. Or, que voyons-nous dans cette région ? Il existe bien un peuple palestinien, mais pas de territoire, une autorité fantomatique et divisée, souillée par le terrorisme et la corruption, et surtout aucune autorité effective. La reconnaissance d’État ne permettra évidemment pas d’établir une ambassade et des consulats auprès de la Palestine ; tout au plus d’ouvrir – et de financer – un poste diplomatique à Paris. En somme, cette opération ressortit plutôt de la communication protestataire que de la diplomatie. Le premier cas de figure connu de cette attitude fut celui de la Sublime Porte et de la Perse qui continuèrent d’entretenir une ambassade de Pologne à Constantinople et Ispahan après le 25 novembre 1795. Notons tout de même que ces deux États étaient quasiment en guerre permanente avec la Russie et occasionnelle avec l’Autriche. Réalise-t-on ce qu’implique ce précédent ? Heureusement que notre temps n’est plus si sourcilleux sur le point d’honneur !
De manière avouée, le Quai d’Orsay nous explique que le but de cette manœuvre est d’imposer « une solution à deux États ». Une solution illusoire depuis 1967 car pour qu’il y ait deux États, il faudrait une frontière, or il n’y en a plus. De fait, nos négociateurs mettent en avant un territoire « en peau de léopard » dans lequel chaque zone palestinienne serait séparée d’une autre zone par un territoire israélien, étant entendu que le pouvoir de coercition d’Israël y resterait incontesté. Autant dire que l’État palestinien serait totalement impuissant et que la paix resterait impossible.
En fait, cette situation est prévisible depuis 1947. Lorsque les Britanniques ont créé l’État d’Israël, leur but étant selon l’expression de notre ami Philippe Prévost, de « judaïser la Palestine de sorte qu’elle devînt aussi juive que l’Angleterre était anglaise. » Malheureusement cette ambition n’était conforme ni aux données démographiques, ni aux réalités culturelles. En 1948, le nombre d’habitants de la Palestine dépassait les 2 millions, dont 31,5 % d’entre eux étaient juifs. La population juive a été multipliée par plus de six aujourd’hui. Or en 2025, environ 1,8 million de Palestiniens représentent environ 20,8 % de la population israélienne. Dès lors, comment obtenir le résultat espéré ? Le recours à l’histoire nous apprend que l’obtention d’une homogénéité de population peut se faire de quatre manières différentes, au besoin en les panachant :
– La fusion dans un ensemble englobant. Cela aurait pu être tenté, puisque la grande majorité des Palestiniens sont d’anciens juifs convertis au christianisme ou à l’Islam pendant le premier millénaire. Mais ce n’était conforme ni à la religion juive ni à la doctrine sioniste.
– L’expulsion des populations palestiniennes. Ce fut le but affirmé des gouvernements israéliens de 1947 à 1960, qui tentèrent de négocier avec la Syrie, l’Égypte, et même l’Irak pour obtenir l’accueil des expulsés. Mais les pays arabes refusèrent pour des raisons qui n’étaient pas toutes absurdes, notamment les désordres causés par des populations embrigadées et dangereuses (qu’on se souvienne de Septembre noir), ou la campagne d’assassinats contre les hommes politiques arabes qui ouvraient la porte à un tel marché.
– Le maintien des Palestiniens dans un statut de seconde zone, par rapport aux Juifs. Mais cela n’était pas possible pour des raisons idéologiques et culturelles, (l’idéologie démocratique du One man, one vote), et aussi démographiques, car les Palestiniens, s’ils représentent un cinquième des habitants, leur population croît plus rapidement que la population totale.
– L’extermination des Palestiniens, une solution inavouable et cependant quelquefois avouée. (Voir l’article du quotidien Le Temps : « Israël profite de son impunité pour résoudre le problème palestinien par le meurtre de masse. »)
Il n’y a pas d’autre cas de figure que ceux énumérés ci-dessus, hélas. Et aucun d’eux n’a pu recevoir d’application, pour des raisons tenant, soit à la nature de l’État israélien, soit à l’intransigeance impuissante des pays voisins. Dès lors, le projet des deux États n’a absolument aucune chance d’aboutir. Et tant que les Occidentaux soutiendront à fonds perdus l’armement inconditionnel d’Israël, aucun changement ne sera en vue. ■ PIERRE DE MEUSE
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Les démarches de reconnaissance d’un état palestinien qui n’existe pas pour l’instant me paraissent être une fois de plus de la « com' ». Se donner une position morale faute de pouvoir agir? Complaire aux populations musulmanes d’Europe et du Canada? Pierre de Meuse a raison de poser les solutions possibles à l’existence d’un tel état, j’y rajouterai la viabilité économique et la contrainte d’Israël par son soutien principal, les Etats Unis d’Amérique, appuyé par le reste de la communauté internationale, qui seule n’a rien obtenu jusqu’à présent. En attendant Gaza est en train de faire oublier les chambres à gaz!
La France ne compte pas au Moyen Orient où ne compte plus .
De toute manière, ce sont les États-Unis qui dirigent et, Républicains ( pour des raisons bibliques ) , Démocrates (par « progressisme « ) ça ne change jamais , quelques soient les presidents.
Les deux peuples, à effectif comparable, sont à la fois séparés et imbriqués, et ils n’ont en commun que le même slogan : « du fleuve à la mer ! » Et pas moins. Leurs dirigeants ne le nient pas.
C’est le noeud gordien. L’affaire ne peut se dénouer que par explosion.