
« Je me répétais : “Si on doit un jour ne plus comprendre comment un homme a pu donner sa vie pour quelque chose qui le dépasse, ce sera fini de tout un monde, peut-être de toute une civilisation”. »
Hélie Denoix de Saint Marc, Les sentinelles du soir.
Par Gérard POL.

Cet anniversaire ravive deux souvenirs enfouis dans ma mémoire.
Le premier, c’est lorsque Hélie de Saint Marc, ayant accepté notre invitation, fut présent au rassemblement royaliste des Baux-de-Provence, un dimanche d’été dont je ne me rappelle plus l’année. C’était une époque où l’on savait qui inviter, et où l’on avait établi une tradition suffisamment sérieuse pour que nos invitations adressées à des personnalités telles que Saint Marc fussent acceptées. Les vrais militants – pas les faux auto-producteurs de leur légende militante – s’en souviendront comme moi. En particulier ceux de Montmajour et des Baux-de-Provence.
Le deuxième souvenir que réveille pour moi l’évocation de cet anniversaire se rapporte à une visite que nous avions rendue, Jean Gugliotta et moi, au Prince Jean, dans le petit appartement qu’il occupait alors à Paris, près de l’Élysée. Il était dauphin de France et duc de Vendôme, titre que son grand-père, le comte de Paris Henri VI, lui avait conféré à Amboise, en l’année du millénaire capétien, soit en 1987. J’y avais assisté.
Dans son appartement des abords de l’Élysée, ce jour-là, avant notre arrivée, le Prince lisait un livre. J’osai lui demander lequel. Il lisait Champs de braise, les mémoires d’Hélie de Saint Marc. Il me dit qu’il en était très enthousiaste.
Je repartis de chez le Prince heureux à l’idée que l’héritier encore tout jeune des rois de France aimait le grand vieillard, grand soldat, héros de nos guerres, qui était venu saluer les royalistes aux Baux-de-Provence, à l’extrême fin de sa vie. Au micro, il avait seulement dit : « Vous êtes ma famille. Je vous aime. »
Quelques années plus tard, le Prince, à son tour, vint aux Baux-de-Provence, après avoir visité Arles et Maillane, avoir été reçu par le maire (communiste) de la première de ces deux cités, puis par le maire de la seconde pour y rendre hommage à Mistral. Aux Baux, il fut ensuite reçu par le maire et ses adjoints, en l’hôtel historique qui abrite l’actuelle mairie, puis, le jour d’après, un dimanche, il saluera les royalistes, reçu par Marcel Jullian et quelques autres, sur les lieux habituels de nos rassemblements, entouré des personnalités amies. Le Prince, en quelque sorte, succédait à Hélie de Saint Marc.
Comment de faux militants, de légende auto-produite, n’ayant rien vécu de ces circonstances profondes, auraient-ils quelque chose de sérieux et de non frelaté à dire à ceux qui en ont été les acteurs, et à la jeunesse qui monte pour poursuivre l’œuvre entreprise il y a cinq quarts de siècle par le petit homme, tout de génie et de passion, né à Martigues, fin XIXe, au bord des eaux de lumière fleuries de la mer latine ?
Hélie de Saint Marc n’avait rien du faux héros, du faux soldat, du faux protagoniste de l’action.
On me pardonnera peut-être de trop aimer l’authenticité. ■ GP
Vu du fin fond du pays gallo, j’avoue, je ne saisis pas toute la portée des propos de Gérard Pol. Pour moi un militant R c’est un Royaliste courageux, pas forcément habile.
Quant à Amboise 1987 la présentation dynastique, charrettes de fruits, beau temps, conviction, conviction souriante.
Ce sont, je crois, simplement quelques souvenirs à l’occasion des 12 ans de la mort d’Hélie de Saint Marc, corrélés à d’autres souvenirs concernant les Princes. Il est aussi question de la solidarité qui lie les équipes de vrais militants, ayant organisé et participé à ces évènements exceptionnels de manière active.