
« Un pouvoir sans majorité, des minorités activistes qui miment le peuple sans le peuple contre ce pouvoir sans majorité. Cette béance-là suscite un immense sentiment de flottement : tout avance en faiblesse, en hésitation, en lignes brisées, tout autant l’exécutif sans assise solide que les ultras de gauche sans appui populaire. »
Par Arnaud Benedetti.

Cette tribune est parue hier, 10 septembre, dans Le Figaro – où il n’y a pas que de mauvaises lectures. Le tableau qui y est dressé nous paraît juste : jamais, sans doute, dans notre histoire récente, il n’y a eu un tel hiatus entre Pays légal et Pays réel, ni, au fond, une telle déliquescence de l’un et de l’autre. Car le Pays dit réel, par les maurrassiens pavloviens, est lui aussi, après deux siècles de désordre révolutionnaire, frappé dans ses profondeurs de décomposition et de perte de substance. Reconstruire un État qui cesse d’être un monstre tentaculaire, impuissant mais corrupteur, et un Pays réel qui cesserait d’être une masse d’assistés à laquelle le Système a inoculé ses propres vices : on peut imaginer de quelle ampleur sera – serait – cette tâche et de quels hommes elle aurait besoin pour s’accomplir. Comme le dit Edgar Morin, il faut donc travailler pour l’improbable d’aujourd’hui. Condition du sursaut qui sauve, comme souvent au fil de notre longue histoire. ! JSF

TRIBUNE – La solennité de la passation de pouvoir entre François Bayrou et Sébastien Lecornu tranche avec les images du mouvement « Bloquons tout » et de la France qui s’embrase, souligne le politologue Arnaud Benedetti. Deux évènements qui ont un point commun : les Français ne sont pas conviés.
Rédacteur en chef de la Revue Politique et parlementaire et professeur associé à l’université Paris-Sorbonne, Arnaud Benedetti est le fondateur du comité de soutien à Boualem Sansal.
Il existe des télescopages qui paraissent offrir une lecture immédiate des événements. C’est bien l’impression d’une atmosphère de crise qui s’installe entre la passation de pouvoir à Matignon, après la chute de François Bayrou et les échauffourées perlées dans la rue du mouvement « Bloquons tout ». Cette collision ramasse l’esprit du moment : le hiatus démocratique qui vient de loin, dont le résultat des législatives de 2024 est l’une des conséquences, constitue une ressource pour les professionnels de l’agit-prop qui y voient là une opportunité pour pousser leur agenda. Toute colère est multiforme, et ses débouchés, divers et contradictoires. À vrai dire nul ne peut dire quelle en sera l’issue.
Le calme apparent d’un côté entre un ancien et un nouveau premier ministre sur le perron de Matignon, le bruit et l’ébullition d’une rue sporadiquement éruptive de l’autre : le contraste pour être saisissant a aussi quelque chose de trompeur. Ceux qui assuraient la continuité de l’État comme ceux qui la contestaient sont les uns et les autres d’abord en situation d’échec, ce qui ne les empêche pas tout en se combattant de trouver dans leur opposition respective des moyens pour se relégitimer. Gouvernement impossible contre Révolution impossible, tel pourrait être le résumé de cet étrange face-à-face du 10 septembre entre ce qui reste du macronisme en fin de quinquennat et ce qui, dans le prurit des radicalités gauchistes, tente de toucher les dividendes d’une défiance désormais très largement majoritaire à l’encontre de l’exécutif.
C’est surtout cette vérité « hors champ » qui se dégage d’abord des images opposées d’un pouvoir en passation et d’une comédie « révolutionnaire » Arnaud Benedetti
Les petits-bourgeois du gauchisme entreprennent de « hacker » le mécontentement, le sentiment de dépossession citoyen aussi, quand les détenteurs cornérisés d’un pouvoir fragilisé et instable escomptent sur le besoin d’ordre et d’autorité pour retrouver un semblant d’oxygène. Le spectacle de cette journée de blocage autoproclamé mais sans réelle prise sur le quotidien est d’abord celui du Janus de « l’arc républicain » des législatives de juillet 2024.
Deux minorités, alliées de circonstance en leur temps dans un entre-deux tours dont on n’a pas fini de subir les répliques telluriquement destructrices, se retrouvent in fine confrontées aux conséquences d’une alliance aussi explosive et impromptue que contre-nature. Ce sont les associés inconciliables qui sont désormais contraints inévitablement de s’affronter dans le piège de leur propre sauve-qui-peut de juillet 2024 ! C’est surtout cette vérité « hors champ » qui se dégage d’abord des images opposées d’un pouvoir en passation et d’une comédie « révolutionnaire » mélangeant apprentis « insurgés », radicalisés des mille et une nuances du gauchisme, et un zest de lumpenprolétariat…
En creux, la dramaturgie rappelle que si la société n’aura pas été bloquée dans son fonctionnement, nonobstant des ersatz de mobilisation, la démocratie n’en finit pas de l’être par un usage inapproprié des institutions et ces mêmes institutions avec.
Le nouveau premier ministre entre à Matignon sans page blanche et vraisemblablement sans état de grâce, tant il lui faut assumer un bilan dégradé dont celui qui l’aura nommé est le premier des comptables. Les agitateurs du 10 septembre jouent évidemment et non sans cynisme sur ce constat partagé par de très larges segments de l’opinion qui en appellent, par ailleurs et sondages à l’appui, au retour aux urnes.
De part et d’autre la démocratie est otage : d’un pouvoir sans majorité, de minorités activistes qui miment le peuple sans le peuple contre ce pouvoir sans majorité. Cette béance-là suscite un immense sentiment de flottement : tout avance en faiblesse, en hésitation, en lignes brisées, tout autant l’exécutif sans assise solide que les ultras de gauche sans appui populaire. Au brouillon du pouvoir répond le brouillon d’une mobilisation réduite principalement aux acquêts de quelques groupuscules d’extrême-gauche. La crise démocratique peut hélas continuer, loin des théâtralités politiques auxquelles les Français dans leur large majorité se sentent étrangers… ■ ARNAUD BÉNEDÉTTI
En septembre 2014, lors de l’A G des Chambres de commerce du Nord Pas de Calais, dont il était le Président Philippe VASSEUR a déclaré: les partis politiques sont morts mais ils ne le savent pas encore. Aujourd’hui ils en sont conscients: Gabriel ATTAL, ancien Premier ministre a déclaré récemment: le problème ce n’est pas les Français, c’est la CLASSE POLITIQUE, les responsables politiques sont incapables à ce stade de se mettre autour d »une table pour s’entendre
Il y a donc rien de bon à attendre de ces gens là.
Ph VASSEUR , responsable de la page économique du Figaro, député du P de Calais, ancien Ministre de l’économie, Pt du Crédit Mutuel