
Par Aristide Ankou.
« La France d’aujourd’hui ressemble à celle de 1789, où chacun demandait l’abolition des privilèges du voisin, sans réaliser que l’addition de ces vœux particuliers revenait à demander l’abolition simultanée et systématique de toutes les lois et de tous les usages ayant cours dans le pays, ce qui ne pouvait déboucher que sur la confusion, la violence, la guerre civile et le despotisme. »

La raison pour laquelle la France ne parvient pas à sortir de la spirale de l’endettement est d’une simplicité biblique : lorsque plus de 57 % du PIB est consacré à la dépense publique (que l’on pourrait définir, de manière non « rigoureuse » mais parlante, comme tout argent qui passe par les mains d’une administration publique avant, éventuellement, d’arriver dans la poche des particuliers ou d’être dépensé pour son propre compte par ladite administration), il est inévitable que tout le monde en croque.
Oui, tout le monde, même ceux qui n’ont rien demandé à personne, même ceux qui détestent l’État, même ceux qui voudraient qu’il y en ait beaucoup moins.
Je ne parle pas seulement de la dépense dite sociale (environ 600 euros sur 1 000 de dépense publique), qui arrose, soit à larges rasades soit à petites lampées, des dizaines de millions de Français à un moment ou à un autre de leur vie.
Je parle aussi des innombrables manières dont nos revenus dépendent, en tout ou partie, de la puissance publique. Y compris, bien entendu, pour les professions dites libérales. Les taxis sont un cas emblématique : tout le monde a pu comprendre récemment qu’une partie importante des revenus de leur profession est, en effet, de l’argent public, qui tombe dans leurs poches via les caisses d’assurance-maladie.
Ne parlons pas des médecins, quasiment fonctionnarisés et pour lesquels l’exercice « libéral » de leur métier a autant de réalité que la fiction républicaine maintenue par les empereurs romains ; mais mentionnons rapidement les avocats, dont les revenus dépendent largement des règles de la procédure et qui ont donc un intérêt bien compris à défendre les règles qui les avantagent, quand bien même, comme c’est souvent le cas, ces règles seraient directement contraires à la rapidité et à l’efficience de la justice. Pour ne rien dire de l’épaisseur et de l’impénétrabilité des codes, fléau des citoyens ordinaires et manne pour les robins. Un beau cas de financement indirect par l’argent public (exemple extensible à pratiquement toutes les professions juridiques).
Mentionnons aussi, en passant, les artisans du BTP dont, de manière générale, le niveau de vie est étroitement corrélé aux obligations réglementaires en matière de construction, règles qui sont autant de surcoûts pour leurs clients, surcoûts qui justifieront des aides de la part de la puissance publique, du type « MaPrimeRénov’ », et ainsi de suite.
Ajoutons, pour finir cette liste non exhaustive, toutes les entreprises, petites ou grandes, qui dépendent en tout ou partie des commandes publiques.
Et même ceux, rares, dont on peut dire qu’ils ne doivent rien à la puissance publique ont cependant des clients dont les revenus doivent, eux, quelque chose à la puissance publique, et par conséquent…
Bref, tout le monde est sur la liste des largesses. Et il est inutile de regarder votre voisin avec un regard mauvais, VOUS y êtes aussi.
La question n’est pas de savoir si ces dépenses et ces règles (qui sont autant de dépenses indirectes) sont utiles ou pas : il s’agit juste de constater la (quasi) universalité de la dépendance qu’elles engendrent. Il ne sert à rien d’argumenter que baisser les dépenses et simplifier les règles c’est aussi, à terme, baisser les prélèvements, directs et indirects. D’une part, chacun voit clairement la baisse de ses revenus qui en résulterait immédiatement, sans voir aussi clairement le bénéfice qu’il pourrait en retirer, car celui-ci reste théorique et hypothétique. D’autre part, chacun comprend bien que, puisqu’il y a un trou énorme à combler, la baisse des prélèvements ne pourra intervenir, si elle intervient, que dans un futur indéterminé mais lointain. Perte certaine, gain incertain.
On dit souvent que les Français sont nuls en économie, mais en l’occurrence la rationalité économique est plutôt du côté de ceux qui refusent un tel marché.
Nos partis politiques ne s’y trompent pas. À gauche, on affirme que tous nos problèmes financiers pourront se résoudre en taxant davantage « les plus riches », quelques pourcents de la population tout au plus, c’est juré. Au centre, on parle de dégraisser le mammouth, tout en jurant que, bien évidemment, cela ne touchera pas l’immense masse des agents publics dont le travail est tout à fait indispensable, cela va de soi. À droite, on en est sûr, le problème se réglera sans pénaliser les Français, en coupant court à l’immigration et aux dépenses qu’elle engendre.
Le point commun de ces trois « politiques », c’est de désigner implicitement comme innocente de la situation l’immense majorité de la population et de lui promettre que les efforts ne seront pas pour elle, ou alors marginalement.
La France d’aujourd’hui ressemble à celle de 1789, où chacun demandait l’abolition des privilèges du voisin, sans réaliser que l’addition de ces vœux particuliers revenait à demander l’abolition simultanée et systématique de toutes les lois et de tous les usages ayant cours dans le pays, ce qui ne pouvait déboucher que sur la confusion, la violence, la guerre civile et le despotisme.
Le problème, c’est que ce n’est pas seulement Nicolas qui paie, c’est aussi Nicolas qui reçoit. ■ ARISTIDE ANKOU
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, (le 6 septembre 2025).
Aristide Ankou

Chacun peut refuser les aides, ce que je fais quand le marketing téléphonique essaie de me vendre « Ma Prim’ Rénov, ou le passage à « l’électricité verte » entre autres . Cela ne fera pas diminuer le nombre de fonctionnaires inutiles, surtout dans les structures locales et régionales, mais au moins on aura la satisfaction de ne pas contribuer au déficit. Sans oublier les sommes colossales engloutie dans le Léviathan écologiste.