
Ce n’est pas un article – Figaro de ce jour – exempt d’allusions, d’insinuations ou de critique. C’est le droit de chacun : le nôtre comme celui du rédacteur, très « Figaro » à l’ancienne, très « au centre du jeu », très libéral-droitier. Il n’empêche : c’est bien « le coup gagnant » de Philippe de Villiers qui est mis en lumière. Un coup qui ne va pas sans rancunes, atermoiements, réticences politiciennes et boutiquières. Et pourtant, ils finissent par signer, comme bientôt 2 millions de Français – sans doute plus – qui, eux, se soucient de leur destin et de celui de la France. Soyons de ceux-là ! JSF
Par Paul Laubacher.

En dépit de nombreuses critiques, l’initiative du fondateur du Puy-du-Fou a très largement dépassé le million et demi de signatures.
Le plus surpris est peut-être le premier concerné lui-même. Philippe de Villiers pensait-il que sa pétition demandant l’organisation d’un référendum sur l’immigration rencontrerait un tel succès ? « C’est phénoménal », s’enflamme-t-il auprès du Figaro, alors que les chiffres du compteur numérique défilent sous ses yeux. Le site qui accueille son texte a beau être régulièrement saturé, le million et demi a été largement franchi, avec près de 1 670 000 signatures vendredi en fin d’après-midi. « On va passer les deux millions au bout de quinze jours », se plaît à prédire le fondateur du Puy-du-Fou. À la différence des pétitions déposées sur le site de l’Assemblée, comme celle sur la loi Duplomb, plusieurs médias ont révélé ces derniers jours qu’il était possible de signer plusieurs fois avec différents e-mails, voire d’usurper certaines identités – comme cela a semble-t-il été le cas avec Jean-Luc Mélenchon. Mais qu’importe, l’ex-candidat à la présidentielle considère que cela n’entame pas le succès de son initiative. Lui-même avait d’ailleurs un ordre de grandeur plus modeste en tête : « 100 000, peut-être 200 000… », souffle-t-il. Un nationaliste se marre : « Cette pétition, c’est le monstre qui échappe à son créateur. »
Il faut dire que l’idée d’un référendum sur l’immigration n’est pas nouvelle, surtout sur la moitié droite de l’échiquier politique. Avant de renoncer, Emmanuel Macron lui-même n’a pas exclu d’accéder à la demande des Républicains, qui réclament une telle consultation, voulue par Marine Le Pen depuis 2017, et défendue par Éric Zemmour en 2022. Tous exigent donc une réforme constitutionnelle pour pouvoir poser directement la question aux Français. Lorsqu’il était le patron de la droite LR, Éric Ciotti avait d’ailleurs tenté de l’obtenir par la voie du référendum d’initiative partagée (RIP), une procédure finalement rejetée par le Conseil constitutionnel en avril 2024. Quant au RN, il lance régulièrement des pétitions pour « stopper la folie migratoire », sans que les signatures soient comptabilisées publiquement. Quant à la pétition similaire déposée sur le site de l’Assemblée, elle n’a pas trouvé son public : quelque 3 500 personnes à peine l’ont paraphée.
Opération de communication
C’est 330 fois moins que celle de Philippe de Villiers. À 76 ans, l’intervenant star de CNews n’en demandait pas tant pour lancer la promotion de son dernier livre, Populicide (Éditions Fayard). Un « livre-testament » dans lequel il se dit « hanté par la disparition du peuple auquel (il) appartient ». La pétition se voulait donc une opération de communication et de marketing coïncidant avec la parution de son ouvrage. « Rien n’est vraiment caché, observe un vétéran de la droite nationaliste. C’est écrit noir sur blanc sur le site de la pétition : “Je consens à ce que Philippe de Villiers communique mon e-mail à la société Lagardère Media News”… À la base, ce devait être une opération pour récupérer un listing pour le livre, une opération classique. » Mais la machine s’emballe à partir du 7 septembre, veille de la chute de François Bayrou, lorsque l’ancien ministre fait la une du Journal du dimanche, hebdomadaire dirigé par l’ex-patron de Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, qu’il apprécie beaucoup.
Mais alors, qui sont ces Français qui ont signé cette pétition ? La question est posée à toutes les figures politiques, du RN jusqu’à Reconquête, en passant par LR. Sarah Knafo et Éric Zemmour assurent l’avoir signée dès le premier jour. Dimanche dernier, c’est Laurent Wauquiez, le patron des députés LR, qui annonce sur X l’avoir fait lui aussi, contrairement à Bruno Retailleau, qui considère qu’« un ministre de l’Intérieur ne signe pas de pétition ». Quant au RN… ça coince. Le parti à la flamme se retrouve embarrassé par cette pétition dont il n’est pas l’auteur. Interrogée lundi sur CNews et Europe 1, Marine Le Pen assure : « Nos électeurs, nos sympathisants et nos cadres peuvent participer à la signature de la pétition de M. de Villiers. » Avant d’ajouter, un peu sèchement : « Encore une fois, moi, je ne signe pas de pétition. Pourquoi ? Parce que moi, je dépose des propositions de loi. »
« Aucune ambition personnelle »
Dès lors, les cadres RN expliqueront pendant plusieurs jours à longueur de plateaux qu’ils ne signeront pas ce texte. C’est que beaucoup se souviennent que Philippe de Villiers avait choisi de soutenir Éric Zemmour à la dernière présidentielle, et non Marine Le Pen. « Il faut dire aussi que le texte de la pétition est réellement très violent », juge un proche de Marine Le Pen. « Je rappelle que le RN dénonce depuis des décennies les effets de l’immigration massive. On n’a pas attendu la pétition de Philippe de Villiers ou la manifestation de Londres pour faire ce constat. Notre option est politique, et non le choix de la rue, déjà squattée par l’extrême gauche », lance sur X Frédéric Falcon, député RN de l’Aude.
Les sondages, eux, s’enchaînent. Dans une enquête Elabe/BFMTV publiée mercredi, une majorité de Français (53 %) dit soutenir la pétition de Philippe de Villiers, dont 90 % chez les sympathisants RN, et 68 % chez Les Républicains. Rebelote jeudi, cette fois dans une étude CSA pour CNews, Europe 1 et Le JDD, où 72 % des sondés se disent favorables à l’organisation d’un référendum sur la politique migratoire en France. De quoi ulcérer la députée Génération.s Sophie Taillé-Polian, qui annonce aussitôt avoir saisi l’Arcom « face à la transformation de la chaîne CNews et de la station Europe 1 en outils de propagande au service d’une initiative politique (la pétition, NDLR) ». Le tout sur fond de guerre ouverte entre les médias de la galaxie Bolloré et l’audiovisuel public, dont les dirigeants ne cessent de s’interpeller à grands coups d’éditos, d’interviews, de tribunes et de communiqués, depuis la révélation de l’affaire Legrand-Cohen par le journal L’Incorrect.
Entre Philippe de Villiers et le RN, il y a eu cette semaine quelques discrets coups de fil pour désamorcer « la défiance ». Aujourd’hui, le député RN Julien Odoul et le maire de Perpignan, Louis Aliot, déclarent avoir signé la pétition, comme Éric Ciotti, allié de Marine Le Pen. « J’ai de très bonnes relations avec tout le monde, souffle Philippe de Villiers. Personne n’a peur de moi. Je ne suis pas dans le jeu politicien. Je suis lanceur d’alerte sur CNews. Ce que les gens ont compris, c’est que je travaille vraiment à la victoire de la droite, sans aucune ambition personnelle. » Et de lancer, plutôt fier de lui, pas mécontent de son dernier coup : « C’est la pétition de l’union des droites ! » ■ P.L.
J’ai signé la pétition, sans illusion, juste pour ajouter à la vague, au bruit, à la prise de conscience. Comment s’y soustraire après plus de 40 ans de déni et de culpabilisation. M. Laubacher nous livre une analyse de qualité. J’ai aussi apprécié l’analyse très complète (et complémentaire) proposée par M. Asselineau, il y a 3 jours :
https://www.youtube.com/watch?v=xMC0dpCt_W4
Allez directement à 00:27:11
Comment peut – on ne pas signer cette pétition quand on connaît et qu’on aime cette douce France pour laquelle tant de nos anciens se sont battus ?
Écouter PH de Villiers est un bonheur parce qu’il nous parle de notre terroir qu’il nous conforte dans notre patriotisme et qu’il nous redonne notre fierté.
Assez de mea-culpa assez de regrets , ne nous laissons pas influencer par la tendance actuelle pas plus que par le camp des saints.