
Quand on tue un peuple, cela s’appelle un populicide. Nous y sommes. Et on nous le cache.
Par Philippe de Villiers

Cet « chronique » est parue dans le JDD le de ce 8 octobre. Evidemment, sauf un profond accord, nous n’avons rien à dire, ni à redire ou à ajouter au propos de Philippe de Villiers. On peut simplement lui exprimer notre reconnaissance collective. Française. JSF
CHRONIQUE. La démission de Sébastien Lecornu a accentué le pourrissement du régime actuel, avertit Philippe de Villiers. Malgré le jeu des vanités de la classe politique, le peuple français peut encore puiser dans son histoire et auprès de ses ancêtres la force de se redresser et de reconstruire le pays.

Nous vivons une fin de régime. Le pourrissement s’accélère. La partitocratie a mis à bas notre édifice institutionnel chancelant. Derrière le jeu des vanités, il y a le manque de hauteur et d’intelligence de toute une classe politique qui a installé dans l’État l’éclipse de la conscience nationale.
La politique est devenue un simulacre : on fait semblant. Les compétiteurs de la société de connivence ont versé dans l’insignifiance d’une gestuelle tragi-comique où chaque ministricule s’emploie à travestir l’honneur perdu de nos élites macronisées.
Un livre-testament
Le pouvoir a abdiqué le pouvoir. La potestas est partie à Bruxelles, l’auctoritas est partie au prétoire. La France a perdu la maîtrise de ses frontières, de son budget, de son commerce, de son agriculture. Que signifie donc la politique quand on a transféré la souveraineté à d’autres ? Elle a muté vers un exercice ludique. Le débat ne porte plus sur les causes mais sur les effets des décisions prises ailleurs, par les nouveaux souverains.
Je pressentais tout cela, cet été. C’est pourquoi j’ai décidé, avec ce livre-testament, de ne jamais brider ma plume. J’ai écrit sans scrupule. Je livre aujourd’hui, sans aucune précaution pour les âmes sensibles, le fond de ma pensée, avec l’obsession de relever le pays, de le sortir du cloaque. Je suis hanté par la disparition du peuple auquel j’appartiens. Je vois le gouffre s’ouvrir.
Je suis hanté par la disparition du peuple auquel j’appartiens
Comme disait Chateaubriand à propos de Fouché et Talleyrand, je vois le vice appuyé sur le bras du crime, je vois la complaisance appuyée sur le bras des lâches. Le consentement des autorités intellectuelles, morales et spirituelles. Le grand affaissement. On a perdu la matrice. Bientôt, la France habitera encore au même endroit, mais elle aura changé de résidents. La brutalisation et la mutation du peuple d’origine ouvrent déjà sur un nouvel espace qui se dessine.
Appel aux Français de souche
J’ai vécu tout cela depuis un quart de siècle de décrépitude. Je connais la vie publique de l’intérieur. Je connais, pour les avoir fréquentés, les recoins des coulisses tout autant que le devant de la scène : le parjure et l’exhibition qui composent la matière première de la politique. J’ai vu comment s’est mis en place le populicide français.
Il est temps, aujourd’hui, pour moi, de tout dire, sans retenue mondaine, sans ménager quiconque. Prenant la main de la petite espérance, j’adresse une ode au Français de souche ainsi qu’au Français de désir, et un appel à un jeune Français qui veut encore y croire. Je parle devant l’Histoire. C’est peut-être mon cri ultime, le message final, le dernier dépôt, le fruit de la dernière mise en garde avant qu’il ne soit trop tard. Je ne veux pas que mon pays meure. Nous sommes face à un crime, perpétré par une gent politicienne échappant au jugement de l’instant. Nous sommes en train de changer de peuplement. Nous sommes en train de changer d’art de vivre. Nous sommes en train de changer de civilisation. Quand on tue un homme, cela s’appelle un homicide. Quand on tue un peuple, cela s’appelle un populicide. Nous y sommes. Et on nous le cache.
Une force sommeille en nous
Et pourtant, rien n’est perdu. Et c’est bien parce qu’il y a une voie rédemptrice que j’ai repris la plume. Car lorsqu’un pays est très vieux, il va chercher, dans les replis secrets de ses anciennes sagesses, une force insoupçonnable pour se relever. Notre passé multiséculaire est comme une corde de rappel.
Je porte, dans mes flancs, les pierres d’angle, les lézardes, les râles héroïques de ce très vieux pays
e suis Français de France. Je porte, dans mes flancs, les pierres d’angle, les lézardes, les râles héroïques de ce très vieux pays. Je ressens physiquement cette énigme des sédimentations invisibles qui sont des recharges de ferveur et qui font qu’en chaque petit Français vit, survit, sommeille, murmure un Français millénaire qui est en lui, et qui le rappelle aux plus hautes valeurs distinctives. Ce Français des hautes nefs immémoriales ne demande qu’à devenir une conscience dressée. Il est là. Il nous écoute. Il va se lever. Après avoir médité sur cette vérité salvatrice : ce sont les morts qui gouvernent les vivants. C’est pour lui que j’écris ce manuel de survie. ■ PHILIPPE DE VILLIERS
Une voix s’élève, la plus grande, la dernière ? Merci Philippe de Villiers de vous dresser, lumière au dessus des décombres….
Et que nous conseille-t-il de faire ? Lui-même se contentera-t-il de ses beaux chants élégiaques dignes de Virgile ? Moins poëte que lui, plus lutteur que luthiste, je n’ai que ces deux mots « article 50 ». Me désavouera-t-il ?
C’est le dernier bastion, le baroud d’honneur. . L’adieu à un pays fait de traditions pour une France nouvelle faite de morceaux hétéroclites sans racines et sans boussole. La France de Robespierre de Marat et de Mélanchon ne sera pas la nôtre
Nous sommes à la croisée des chemins nous en avons vu d’autres et nous en sommes sortis , peut- être en perdant des plumes ..mais encore vivants. Ph de Villiers est dans cette optique tout n’est pas mort.
A l’ « article 50 » je préfère l’ « article 7 » mais qui aura la force d’empêcher le Président de la République ? car celle-ci exige de la bravoure, du courage et de l’héroïsme