
Par Paul Sugy
Cet article qui n’appelle pas de commentaire mais donne d’intéressantes informations est paru dans Le Figaro de ce matin, 24 juin. N’appartiendrait-il pas aux patriotes et nationalistes français de défendre leur pays contre le boulet mortifère – sur le plan économique et sur tous les autres – que lui impose une politique migratoire qui confine ou relève de la trahison ? C’est au contraire l’un de leurs premiers devoirs !
ENQUÊTE – Une note de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie déplore l’impact négatif de l’immigration sur la croissance, la compétitivité et le budget français, à rebours des récentes conclusions du think-tank progressiste Terra Nova.
Le débat sur l’immigration suscite, selon ses contributeurs, des prises de position mais aussi des conclusions analytiques diamétralement opposées et contradictoires. Ainsi Hakim El Karoui et Juba Ihaddaden, tous deux experts pour le think-tank progressiste Terra Nova, concluaient dans une note ayant défrayé la chronique le mois dernier que l’immigration était non seulement utile mais même nécessaire pour la sauvegarde de l’économie française. Dans une note publiée cette fois par l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID), et que dévoile Le Figaro, Nicolas Pouvreau-Monti défend… l’exact inverse. « L’immigration entretient un cercle vicieux qui nuit à l’emploi et à l’économie française : elle aggrave les problèmes structurels de l’emploi en France, dégrade les comptes publics et pénalise indirectement les secteurs exposés de l’économie », argumente-t-il.
Qui a raison ? Qui a tort ? Les deux notes ne se situent en réalité pas tout à fait dans la même perspective, et se retrouvent pour formuler à l’unisson quelques constats communs. Terra Nova comme l’OID rappellent ainsi que les travailleurs immigrés servent de main-d’œuvre d’appoint dans des secteurs en tension, dont le manque d’attractivité, couplé à une érosion démographique alarmante, requiert de recourir à une immigration de travail pour pallier des difficultés de recrutement. Ainsi des métiers de la sécurité et du gardiennage, de l’hôtellerie et de la restauration, de la construction et des travaux publics… Mais, pour Terra Nova, l’impasse démographique nécessite de continuer à recourir à une immigration de travail toujours plus nombreuse : le think-tank estime qu’il faudrait 250 000 à 300 000 immigrés de plus chaque année pendant vingt ans. Tandis que pour l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, les besoins de main-d’œuvre dans ces secteurs ne suffisent pas à compenser l’impact délétère de l’immigration sur la croissance.
« la réalité actuelle de l’immigration, hic et nunc, n’est pas l’origine des difficultés structurelles que connaît notre économie, mais elle les aggrave toutes ».
Du reste, Terra Nova admet aussi sans difficulté que l’intégration des immigrés demeure difficile – la faute d’un débat public délétère, accusent les auteurs, qui reconnaissent tout de même du bout des lèvres des différences importantes de formation et de productivité entre les immigrés et les natifs, et admettent que les immigrés travaillent moins que les natifs.
Mais là où Terra Nova semble avoir pris pour acquis qu’une immigration massive continuerait d’affluer en France quoi qu’il arrive et se demande comment rendre cette immigration productive pour la santé économique du pays, l’OID imagine à quoi ressemblerait la France sans l’immigration. De cette façon, Nicolas Pouvreau-Monti conclut que « la réalité actuelle de l’immigration, hic et nunc, n’est pas l’origine des difficultés structurelles que connaît notre économie, mais elle les aggrave toutes ».
Ceci en premier lieu parce que le taux d’emploi des immigrés qui vivent en France est très faible – la France est l’un des pires pays de l’OCDE en la matière. Seuls 62,4 % des immigrés en âge de travailler ont un emploi en France, contre 69,5 % des natifs, selon des chiffres de 2023. En Europe, seule la Belgique a un taux d’emploi des immigrés plus faible (61,4 %), et la France arrive au troisième rang des pays de l’OCDE pour lesquels ce taux est le plus faible. En moyenne, dans l’Union européenne, 67,5 % des immigrés ont un emploi, et cette moyenne monte même à 71,8 % dans l’ensemble des pays développés, les pays d’Amérique du Nord, d’Océanie ainsi que le Japon faisant figure de bons élèves de ce point de vue.
« L’immigration n’améliore donc pas le taux d’emploi défaillant de la France, mais au contraire le dégrade fortement », relève ainsi l’OID, qui souligne que les deux pays en queue de classement, la France et la Belgique, sont aussi ceux en Europe où la question du séparatisme communautaire se pose le plus : l’Observatoire formule l’hypothèse que cette ségrégation volontaire des communautés immigrées nuit à leur intégration sur le marché du travail.
Par ailleurs, cette inquiétante prépondérance de l’inactivité chez les personnes d’origine immigrée ne disparaît pas à la seconde génération : « La part des jeunes nés en France de parents immigrés qui n’étaient ni en emploi, ni en scolarité, ni en formation était de 24 % pour les années 2020-2021. Il s’agissait du deuxième taux le plus élevé d’Europe et du monde occidental, derrière la seule Belgique », relève encore l’OID en citant un rapport de l’OCDE.
« Ce faible taux d’emploi en France s’explique par la structure de notre immigration, qui est largement familiale : c’est même en France que la part d’immigration pour motifs familiaux était la plus forte d’Europe », analyse Nicolas Pouvreau-Monti, selon qui « trouver du travail est plus difficile pour un immigré lorsque l’insertion professionnelle n’est pas à la racine de la décision d’émigrer en France ».
L’immigration dégrade de surcroît la productivité individuelle du travail, un indicateur phare de la croissance et de la compétitivité pour l’économie française. En effet, relève l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, la productivité par tête dépend essentiellement du niveau de qualification des travailleurs ; or celui-ci est drastiquement plus faible que chez les personnes natives. Ainsi, 31 % des immigrés ayant entre 30 et 40 ans n’ont aucun diplôme, un taux trois fois plus élevé que chez les natifs. « Par ailleurs, des études précises ont montré que le niveau d’une personne immigrée titulaire d’une licence obtenue dans son pays d’origine est souvent moindre que celui d’une personne titulaire d’une licence obtenue dans un établissement français d’enseignement supérieur », note Nicolas Pouvreau-Monti.
Ces écarts de productivité s’ajoutent à des distorsions importantes dans la répartition des immigrés sur le marché du travail. Les secteurs dans lesquels ils sont surreprésentés (hôtellerie-restauration, sécurité, construction) sont « des secteurs abrités de la concurrence internationale », selon l’OID, et qui participent donc plus faiblement au redressement productif de la France. Tandis que les immigrés sont en revanche moins représentés dans les secteurs innovants ou compétitifs, notamment l’industrie de pointe, où la France se doit d’être compétitive. La part des étrangers dans les personnes impliquées dans le dépôt d’un brevet est du reste bien moindre en France qu’aux États-Unis, par exemple, où les immigrés participent davantage au rayonnement économique du pays.
« Le débat sur l’immigration de travail se focalise sur des secteurs très identifiés pour lesquels l’immigration sert à résorber des pénuries de court terme, analyse Nicolas Pouvreau-Monti, mais d’une part ces secteurs profitent d’une demande alimentée par l’immigration elle-même, puisque celle-ci participe des besoins en construction et génère une insécurité qui fait le bonheur du secteur de la sécurité privée et du gardiennage. Et d’autre part, une vision court-termiste empêche de réfléchir à la meilleure façon de rendre ces métiers plus attractifs pour les personnes en recherche d’emploi. »
Sans compter que les faibles rémunérations dans ces secteurs alimentent ce que l’Observatoire de l’immigration et de la démographie appelle le « déficit budgétaire » de l’immigration : d’un point de vue fiscal, l’immigration coûte plus qu’elle ne rapporte à l’État, calcule l’OID. Selon des données de l’OCDE, l’immigration ne finance que 86 % de ce qu’elle coûte à l’État. Compte tenu de la plus grande pauvreté et de la plus grande inactivité des immigrés, ceux-ci pèsent sur la dépense sociale et ne représentent pas une contribution fiscale suffisante pour résorber cette dépense.
« Encourager l’immigration pour éviter la pénurie dans certains secteurs en tension revient à sacrifier la croissance de nos secteurs stratégiques au profit de quelques intérêts corporatistes seulement »
En définitive, conclut Nicolas Pouvreau-Monti, l’immigration représente selon lui une perte de PIB de 3,4 % : si les immigrés avaient le même taux d’emploi que les personnes natives, alors la richesse nationale créée chaque année serait plus élevée de 3,4 % – et les recettes fiscales seraient, elles, plus fortes d’un point et demi de PIB.
« Cette perte de croissance et ce coût pour le contribuable participent d’une fiscalité très élevée sur les entreprises notamment, qui contribue également à alourdir les charges pesant sur l’ensemble de l’économie. Dit autrement, encourager l’immigration pour éviter la pénurie dans certains secteurs en tension revient à sacrifier la croissance de nos secteurs stratégiques au profit de quelques intérêts corporatistes seulement », conclut Nicolas Pouvreau-Monti.
Mais ces réalités économiques sont d’autant plus alarmantes que, note-t-il encore, seule la moitié de l’immigration dépend des choix politiques des dirigeants ; le reste (asile, immigration familiale) étant hors de leur contrôle. Pour autant, l’analyste plaide pour une activation de tous les leviers politiques permettant un contrôle plus étroit de l’immigration étudiante et de l’immigration de travail, pour s’assurer de sa contribution effective à la prospérité nationale. Mais, à cadre constitutionnel et conventionnel constant (la situation politique actuelle permettant difficilement de s’extraire des contraintes normatives qui pèsent sur le législateur), la voie est étroite… ■ PAUL SUGY
Des chiffres, des chiffres avec des décimales bien nettes, calculés on ne sait comment puisqu’on ne sait pas qui sont les immigrés ni leurs différences…le tout présenté sous un vernis technocratique d’apparent bon aloi. À quoi bon puisque l’essentiel est ailleurs, comme nous le savons tous