Depuis quelques temps, à gauche et à l’extrême gauche, on note une recrudescence du sentiment anti monarchique. Des groupuscules indépendantistes basques et catalans ont brûlé, en même temps que des drapeaux espagnols, des photos du Roi Juan Carlos.
Une caricature d’un hebdomadaire satirique (« El Jueves ») a pris à partie le couple du prince héritier Felipe, dans le but avoué de « désacraliser » la Famille Royale (1). Et quelques maigres manifestations ont été organisées, par ci par là, pour demander l’instauration de la république. Même si tout ceci reste pour le moment très largement minoritaire, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une nouveauté en Espagne depuis 1975, et que l’on aurait tort d’occulter ces faits ou de ne pas les analyser.
Comme on aurait tort aussi d’ignorer les sentiments anti monarchiques qui se font jour de l’autre côté de l’échiquier politique, dans une partie de la droite catholique et de l’extrême droite: très largement minoritaire là aussi, cette apparition d’une opposition frontale à la royauté peut surprendre dans des milieux où on ne l’attendait pas à priori. C’est au micro de la radio catholique « Cope » (une radio privée dirigée par l’Eglise espagnole) que le présentateur vedette Federico Jiménez Losantos a d’abord critiqué Juan Carlos d’une façon virulente; avant de demander purement et simplement l’abdication du Roi, et cela à plusieurs reprises…..
Ces vives attaques ont conduit le roi à sortir de son habituelle réserve. Le 1er octobre dernier, lors d’un discours à l’université d’Oviedo, il a défendu publiquement le rôle de la monarchie parlementaire. Du jamais-vu en trente ans: « La monarchie a permis à l’Espagne de vivre sa plus longue période de stabilité et de prospérité en démocratie « a-t-il déclaré. Le Roi semble pourtant jouer sur du velours: les Espagnols soutiennent à 85,3 % le rôle de la monarchie au coeur de la démocratie, selon un sondage de Gesop publié dans la revue Tiempo (d’autres sondages dépassent même les 88%….)
D’où cela vient-il? de la politique folle et suicidaire menée par Rodriguez Zapatero. Comme le dit justement Stéphane Marchand, « là où il conviendrait de gouverner avec prudence, et en poursuivant le devoir d’oubli pratiqué par tous (y compris par les siens, le PS de Felipe Gonzalez,), le premier ministre, José Luis Zapatero a choisi au contraire le traitement de choc. Au nom du « socialisme citoyen », il a lancé son pays dans une métamorphose accélérée de la société, et fait de l’Espagne, vieille terre catholique, un des pays les plus « libérés » du monde. Les liens traditionnels entre l’Église et l’État ont été distendus et le mariage gay a conquis une égalité juridique stricte avec le mariage hétérosexuel ( nous aurions préféré l’expression de « mariage traditionnel » ndlr). Tous les Espagnols n’étaient pas prêts pour ce grand virage à gauche et ce « tsunami des moeurs ».
Alors qu’il aurait été si simple de continuer sur la lancée, et de maintenir ce pacte tacite du « devoir d’oubli »; d’avancer vers l’avenir en continuant à développer l’Espagne, son économie, sa société; et, peu à peu, le temps aurait achevé de panser les plaies de la Guerre Civile (… »le temps qui sur toute ombre en verse une plus noire » selon Victor Hugo); et l’Espagne aurait enfin pu sortir, définitivement, de ce passé douloureux qui la hante encore. Il est criminel de faire ce qu’a fait Rodriguez Zapatero….. (à suivre…..)
(1): d’après la Constitution, la Famille Royale est quasiment intouchable et les « actes injurieux contre la Couronne » sont considérés par le Code Pénal comme des délits passibles de six mois à deux ans de prison ainsi que de fortes amendes.
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