Dans ce numéro d’octobre de Politique Magazine ( http://www.politiquemagazine.fr/ ) l’Editorial revient sur le succès du voyage du Pape en Grande-Bretagne (lire ci-après : Le Pape, ça marche !).
Et François Reloujac, comme chaque mois, analyse la situation économique. Dans ce numéro, les lignes de force des rapports France Allemagne….. Nous y reviendrons.
Le Pape ça marche !
Le Pape a rendu visite au Royaume-Uni. L’évènement n’a pas eu grand écho dans la presse française. Sinon juste avant le voyage pour annoncer un échec. Annonce devenue rituelle dans la presse pour chaque voyage pontifical. Comme si un mot d’ordre était donné…
Comme si un voyage du Pape, surtout de Benoît XVI, ne pouvait être prévu que comme un échec et toujours pour la même litanie de raisons philosophiques et morales.
Souvenez-vous des titres des journaux : échec prévu en Allemagne, en Tchéquie, en France, en Afrique, où qu’il aille… Et puis c’est la réussite… partout et qui fait échec aux pronostics malveillants et sectaires. Les querelles inventées dans les salles de rédaction s’effilochent et disparaissent dans le néant de leur mauvaise foi.
Le Saint-Père sourit, il va et c’est un succès. Succès donc pareillement en Angleterre.
Il a dit tout ce qu’il avait à dire, à la Reine d’abord, aux peuples écossais, anglais, gallois, irlandais, aux représentants de la société civile et politique, aux représentants des autres religions, à la Communion anglicane, enfin et surtout aux catholiques de Grande-Bretagne dans toutes leurs diversités, jeunes et adultes, qui l’ont admirablement reçu, aux évêques de l’Église d’Angleterre, au clergé, aux religieux et à toutes les personnes qui se dévouent aux œuvres catholiques.
Quel homme au monde peut tenir un langage de vérité de cette qualité ? Un seul. Lui. Lui qui n’entre pas dans les polémiques des uns et des autres, fussent-elles les plus justifiées, mais qui n’avance que des propositions sensées, éclairées des lumières de la foi et de la raison. Il n’a en vue que le Royaume de Dieu, le bien commun des peuples et les devoirs de sa charge de successeur de Pierre.
Aussi son langage est-il clair et d’une grande précision : aucune ambiguïté dans les termes, même quand il aborde les questions litigieuses. Quel observateur l’aura remarqué ? Pas un mot employé pour un autre. Il garde toutes les distinctions nécessaires. Pas de ce confusionnisme propice aux charlataneries de tous les professionnels de l’amphibologie démagogique !
Sur la route du Parc Bellahouston, à Glasgow
Ainsi l’oecuménisme n’est pas un fourre-tout, la politique une auberge à rhéteurs, la morale un assemblage de règles à géométrie variable qui facilitent les postures et couvrent les iniquités, l’économie la recherche éperdue de la satisfaction de toutes les libidos, la religion un moyen d’imposer ses passions les plus folles au nom d’impératifs prétendument divins.
Nos lecteurs prendront connaissance avec intérêt de l’analyse de ce voyage pontifical faite dans nos colonnes par Bernard Callebat.
Les observateurs ont noté à juste titre que le Pape a beaucoup insisté sur la question politique. Non qu’il prétendît s’y immiscer. Mais il a rappellé à tous ces peuples de vieille chrétienté où ont fleuri des églises prospères et des monachismes exemplaires, que leur vie véritable était issue de leurs racines saintes et profondes. Ainsi a-t-il parlé aux Écossais, au Gallois, aux Irlandais, en évoquant leurs saints fondateurs.
Quant aux Anglais, il leur a rappelé leur longue tradition où s’est élaborée une conception singulière du devoir religieux et, en même temps, politique et social, qui mettait l’accent sur la conscience personnelle, sur son droit inaliénable, sur la tolérance au bon sens du terme. Cette tradition qui sut s’entourer de garanties juridiques, a permis l’éclosion d’une société civilisée, avec toutes ses exigences de dignité humaine. En revanche, cet idéal « démocratique » cher à la nation anglaise perdrait toute signification s’il s’assimilait au relativisme des sociétés modernes qui, confondant le bien et le mal, le vrai et le faux, n’est en réalité qu’un pourvoyeur de l’erreur et de l’horreur.
Voilà pourquoi la religion bien comprise ne peut qu’éclairer les choix politiques. Cette leçon qui revient maintenant constamment dans les discours du Pape, est d’une grande portée. Elle marque un souci du Saint-Père qui ne voit pas sans effroi les pays de civilisation européenne s’effondrer dans un athéisme pratique et théorique qui tue concrètement ces sociétés et donne au monde l’exemple le plus détestable.
Aussi n’hésite-t-il pas à parler de Dieu, de Jésus-Christ, de l’Eglise qui se doit d’être exemplaire. Et malheur quand les hommes d’Eglise sont occasion de scandale !
Et à l’Angleterre éternelle, à tous les moments du voyage, avec une audace tranquille, il n’a pas hésité à rappeler que ses saints les plus prestigieux furent ceux qui ont porté au plus haut degré le choix, en conscience, de l’absolu de Dieu, face à toutes les pressions sociales ; ils ont nom : Thomas Becket, Thomas More et ce John Henry Newman qu’il a tenu à béatifier lui-même.
Ainsi l’Angleterre a-t-elle en elle-même les ressources spirituelles de tous ses renouveaux. Il ne nous reste plus, à nous Français, qu’à nous tourner pareillement vers nos plus saintes figures historiques. Jeanne d’Arc ne nous donne-t-elle pas la meilleure des leçons politiques ? ■
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