
Reparle-t-on des relations de François Mitterrand avec le régime de Vichy à chaque fois qu’on interroge un socialiste ? Ou de l’admiration de certains « Insoumis » pour la Terreur révolutionnaire ou les dictatures communistes lorsqu’on tend le micro à Jean-Luc Mélenchon ?
Par Didier Desrimais*.
Cet excellent article comme toujours très documenté, argumenté, de Didier Desrimais, est paru dans Causeur le 5 juin. Avec Didier Desrimais, le problème est qu’il sait de quoi il parle, qu’il a une solide et vaste culture politique, qu’en particulier il connaît en détail l’histoire politique de la période évoquée par Elisabeth Borne. Ce qui est rare, car beaucoup en parlent à tort et à travers, y compris chez certains maurrassiens sans en connaître grand chose. Dans ces conditions, mieux vaudrait n’en plus rien dire, ou le minimum et consacrer sa réflexion ou l’axer principalement sur les angoisses légitimes que l’on peut éprouver pour la France d’aujourd’hui. C’est à quoi ramène, d’ailleurs, fort sagement, la conclusion de cet article. Si Emmanuel Macron n’a pas eu tort de recadrer son Premier ministre, en l’occurrence Madame Elisabeth Borme à la suite de ses déclarations, ni l’un ni l’autre n’ont de quoi pavoiser en regard de la situation qu’ils ont à gérer et dont ils sont, au moins en partie, responsables.
Élisabeth Borne a dit une énorme bêtise à propos du « RN, héritier de Pétain », et le président de la République l’a recadrée pendant et après le Conseil des ministres. Sans doute la Première ministre appréciera-t-elle de savoir qu’elle compte, dans les milieux médiatiques de gauche, des soutiens de poids. Le 31 mai, sur France Inter, Yaël Goosz a critiqué Emmanuel Macron auquel il reproche d’emprunter au vocabulaire maurassien – « jusqu’aux ambiguïtés de la “décivilisation” » – et d’avoir prétendu que le combat contre l’extrême droite ne passe plus par des « arguments moraux ». Pour Yaël Goosz, non seulement le RN est l’héritier de Pétain et n’a pas rompu avec ce qu’il appelle la « Gud connection », mais encore il serait l’héritier de l’extrême droite de l’entre deux guerres – parti comme il l’était, s’il avait eu le temps, sans doute aurait-il évoqué la sinistre Cagoule. De son côté, Thomas Legrand a rabâché grosso modo la même chose dans son éditorial pour Libération. Il veut, écrit-il, « alerter » les électeurs de Marine Le Pen sur la « réalité de l’héritage politique de l’extrême droite » et reproche à Emmanuel Macron un « vide idéologique l’empêchant de faire la différence fondamentale entre Marine Le Pen et Éric Zemmour d’un côté, et tout le reste de la société politique ». Sacré Thomas Legrand, toujours aussi subtil.
Réalités contemporaines de l’extrême gauche
L’idéologie rend aveugle. Borne, Goosz et Legrand dissertent sur l’éventuel « héritage politique » du RN mais occultent celui du PCF, de LFI, voire du PS. Il ne viendrait bien entendu à l’idée de personne de dire que Fabien Roussel est un nostalgique du léninisme révolutionnaire inventeur du goulag ou du totalitarisme stalinien. Il n’empêche, nul n’ignore plus que l’histoire du communisme est emplie de désastres, d’arrestations arbitraires, de déportations, d’occupations de pays, d’écrasements des populations voulant se défaire de son joug, et que le PCF est longtemps resté dans les jupes du stalinisme – il faudra attendre 1976 et l’abandon du concept de « dictature du prolétariat » lors du 22ème congrès du PCF pour commencer d’entrevoir un désir d’autonomie de ce dernier vis-à-vis de la maison-mère soviétique. Dans son Livre noir du communisme, Stéphane Courtois affirme que le communisme est responsable de près de cent millions de morts. A-t-on jamais entendu un journaliste français parler de ce lourd « héritage » à l’actuel secrétaire général du PCF, Fabien Roussel ? Peut-on reprocher à ce dernier un « héritage stalinien » ou, par exemple, le pacte germano-soviétique qui lia, pendant les premiers mois de la guerre, les poings et les pieds de la direction PCF ? – ce qui n’empêcha pas une vingtaine de parlementaires de déchirer leur carte du parti et les communistes les plus patriotes de se ranger dès le début du conflit au côté du général de Gaulle, imitant en cela ceux qui les avaient précédés dans la résistance, le maurassien Daniel Cordier en tête.
A-t-on jamais entendu un journaliste français parler de ce lourd « héritage » à Jean-Luc Mélenchon et aux plus éminents représentants de LFI ? Les racines trotskistes de ce parti opaque ont-elles jamais été rappelées à ses dirigeants ? LFI c’est, avant toute autre chose, une admiration sans bornes pour la Terreur révolutionnaire et pour les régimes cubains et vénézuéliens, un islamo-gauchisme électoraliste, un antisionisme exacerbé et flirtant parfois avec l’antisémitisme, des simulacres d’écrasement ou d’exposition en haut d’une pique des têtes des adversaires politiques, des accointances avec la “Jeune Garde”, association « antifasciste » n’hésitant pas à agresser les étudiants de l’UNI et à provoquer la police lors des manifestations, à quoi l’on peut ajouter, pour faire bon poids, une rhétorique outrancière, une contestation systématique de la légitimité du vote, ainsi que le fonctionnement autocratique, anti-démocratique, vertical et brutal du parti et de son Lider Maximo. Nous parlons ici d’une réalité contemporaine, concrète, celle d’un parti ayant « hérité » de quelques principes idéologiques parmi les plus autoritaires et les moins démocratiques et continuant d’en perpétuer, à sa mesure, la tradition. Cette réalité-là échappe étrangement à MM. Goosz et Legrand, journalistes engoncés dans un discours « contre l’extrême droite » servant de paravent aux catastrophes de la gauche historique et au naufrage de la gauche contemporaine.
Mme Borne se sent-elle l’héritière des égarements de François Mitterrand ?
Les déclarations de Mme Borne sur le RN sont idiotes, anachroniques et mensongères ; elles dissimulent mal le désarroi d’une classe politique qui sent le vent tourner et s’accroche désespérément à la branche de plus en plus mince du « barrage républicain contre l’extrême droite ». Au petit jeu de « l’héritage » politique, rares sont ceux qui sortent gagnants – quand on cherche, on trouve. Mme Borne, par exemple, a longtemps été proche du PS. Que pense-t-elle de la Francisque remise à François Mitterrand par le Maréchal Pétain sous le parrainage de deux Cagoulards (Gabriel Jeantet et Simon Arbellot) ? Mitterrand demanda-t-il cette distinction par conviction et attachement au Maréchal ou pour « couvrir » une activité de renseignements au sein de l’organisation vichyste ? Si la seconde option est la bonne, pour quelles raisons son passage à Vichy fut-il si longtemps occulté ? Et que dire des liens que François Mitterand continua d’entretenir après la guerre avec d’anciens Cagoulards ou avec Jean-Paul Martin, haut fonctionnaire de Vichy, directeur de cabinet de René Bousquet qui participa activement à la déportation des Juifs étrangers et que Mitterrand nomme directeur adjoint de cabinet au moment où lui-même est ministre de l’intérieur en 1954 ? Que dire du recrutement par Mitterrand de Jacques Saunier, collaborateur sous les ordres de Bousquet, responsable de l’arrestation de 1500 résistants juifs et communistes, au poste de sous-préfet ? Que dire des liens du futur président de la République avec Pierre Saury, nommé par Bousquet intendant de police à Lyon en 1943, révoqué de la fonction publique à la Libération mais « récupéré » par François Mitterrand qui en fera même son suppléant dans la Nièvre en 1967 ? Que dire, enfin, des relations amicales entretenues avec René Bousquet quasiment jusqu’à la fin de la vie de celui-ci ? Mme Borne se sent-elle l’héritière des égarements de François Mitterrand et de son amitié indéfectible avec d’anciens cagoulards, d’anciens collaborationnistes, d’anciens pétainistes ? Nous imaginons que non et nous garderons bien de lui en faire le reproche.
Ce serait stupide et il n’y a pas besoin d’aller chercher dans des « ismes » anciens les explications et les motifs d’insatisfaction concernant son bilan calamiteux, la désastreuse politique énergétique française et l’abandon de Fessenheim, la soumission à l’UE sous la férule des Allemands, les tergiversations face à l’immigration et une réforme des retraites qui ne convainc que les élites politiques européennes et qui a fait perdre de vue les véritables menaces économiques et civilisationnelles qui pèsent sur notre pays. ■
* Amateur de livres et de musique, scrutateur des mouvements du monde.
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Sur le simple plan des faits d’Histoire, en mai-juin 1940 la France a reçu la plus belle « branlée » de son Histoire militaire en partie à cause de l’incurie des gouvernements issus du Front populaire. Les glorieux résistants de 44/45 ont bien été contents de refiler le « bâton merdeux » fruit de leurs trahisons à un vieux Monsieur, Maréchal de France quasi-nonagénaire. En septembre 1939 Thorez déserte devant l’ennemi et va se réfugier à Moscou, De Gaulle fuit à Londres, Raynaud fuit à Alger, d’autres aux USA ; et le « vieux », qui sera chargé d’opprobres, endossera toutes leurs insuffisances ; il finira en prison et eux dans leur gloire. Je pense que la haine de Mitruand remonte à cette époque là.
On charge le Maréchal de France alors que la politique anti-juive est due à Pierre Laval, radical socialiste et « bouffeur de curé » nommé à la Présidence du Conseil sous la pression des Allemands. Bon cela ne fera pas plaisir à Babeth, fille de gôche, de lui rappeler que la « traque aux juifs » est liée à un socialiste !
@Noël Stassinet , Maurice Thorez n’a pas « déserté » : il a été appelé à Moscou par le Komintern, en bon soldat de l’Internationale qu’il était.
Non De Gaulle n’a pas « fuit » à Londres : il y est allé porter le flambeau de la Résistance française ; il y a attendu vainement Charles Maurras et le comte de Paris, qui y avaient leur place;
Non ce vieil obsédé de Pétain n’a pas laissé Laval diriger la politique anti-juive : il a DE SA MAIN ajouté quelques interdictions professionnelles au déshonorant statut des Juifs. Que ve vieillard incapable disparaisse vite dans les cloaques de l’Histoire.
Vive de Gaulle,sauveur de l’honneur français, vive la Résistance, vive les commandos Kieffer !
Excès totalement déraisonnables. Passons.
@Jean-Pierre Raulot : Dites nous ce qui n’est pas déraisonnable ? La LVF ? La division Charlemagne ? Les camps d’extermination ?
@Pierre Builly : on ne peut pas résumer les choses aux interrogations – «La LVF ? La division Charlemagne ? Les camps d’extermination ?» – émises sous forme d’accusation rédhibitoires à l’adresse de tout interlocuteur ainsi défini comme «mal pensant», c’est-à-dire «interdit d’expression», au titre de la loi invoquée par un quelconque Darmanin… Voilà qui est déraisonnable. D’autant que ce que pointe Noël Stassinet est très raisonnablement exact, jusques et y compris le verbe «déserter» : en effet, il existe plusieurs motifs pour déserter, notamment, ceux des Thorez et autres communistes – quelquefois, des motifs excellents, du reste, mais, ici, motifs dont, pour ma part, je réfute l’excellence, tandis que j’en puis parfaitement comprendre les tenants.
Les hasards des nécessités de la recherche documentaire m’ont fait me pencher sur la carrière militaire de Philippe Pétain ; cela remonte à une dizaine d’années… J’ai été interloqué par la qualité stupéfiante du bonhomme ; sans compter les données devenues annexes, en raison du fait que l’Histoire falsifiée les a efficacement plongées dans l’ombre. Moyennant quoi, nul ne saurait résumer quoi que ce soit d’«historique» aux seuls visions et révisions des plumitifs universitaires, dont on peut observer aujourd’hui que leur fonds de commerce se tient solidement arrimé aux interdictions que l’on ne peut plus raisonnablement méconnaître.
On ne peut rien comprendre à cette «divine surprise» qui put apparaître à Maurras si l’on ne consent pas à observer les choses en se débarrassant de LA TOTALITÉ des préjugés implémentés dans le cerveau pour désordonner la réflexion. Je recommande au passage d’aller étudier l’histoire du théâtre en France et de l’apogée de ce qui avait débuté en fin de siècle, s’est plus ou moins condensé aux temps du Front populaire, pour connaître son apogée sous Pétain et revenir avec les Jean Vilar, très précisément formés à Vichy – «divine surprise» que ces théâtreux-là, d’ailleurs et soit dit en passant, précédemment admirés par un Robert Brasillach qui a su en parlé comme personne – voir le passionnant «Animateurs de théâtre» et le magnifique «Notre avant-guerre», entre autres…
Pour commencer, il est essentiel de dire et répéter jusqu’à plus soif que le nazisme est un socialisme revendiqué – national-socialisme –, le fascisme, un socialisme déclaré «autoritaire»… Ce qui – outre les manœuvres politiciennes des concurrences au sein du Parti communiste français – explique l’évolution doctrinale de Doriot , des communistes de Saint-Denis ou d’ailleurs encore, et celles des socialistes , rad-socs, des genres de Marcel Déat, Pierre Laval et autres.
Enfin, cher Pierre Builly, ni vous ni moi ni personne d’aujourd’hui ne pouvons assurément savoir ce qu’il en aurait été des positions que nous aurions prises à l’époque, sauf ceux qui, épidermiquement, se montrent rétifs à toute forme d’autoritarisme… Les derniers temps nous ont permis de nous faire une idée sur cette disposition «résistante» opposée à celles obéissantes ou serviles, je parle évidemment de l’autoritarisme récent autour des dispositions «covidesques»… Regardons ce que nous avons accepté à ces dernières occasions et tâchons d’adapter notre «résistance» ou non, et ce à quoi nous nous serions rangés, exactement pour les mêmes raisons, quelques décennies en arrière.
Que l’on ne s’exclame pas offusqué : «mais on ne peut comparer ce gouvernement à une dictature ! Allez voir un peu en Corée du Nord !» car cela est le plus confortable des recours auxquels toute «collaboration» à quoi que ce soit se raccroche éperdument…
Et si nous laissions les historiens ( les vrais ) nous aider à prendre du recul sur une époque complexe ? Mission impossible peut-être, dans ce cas, attendons et revenons à nos mouttons, et Dieu sait que nous n’n manquons pas.