Proposé par Aristide Ankou.
Sur sa page FB, Aristide Ankou invite à lire ou relire de très grands auteurs sur des sujets qui nous occupent et qui restent d’actualité. Ici, il s’agit de Chateaubriand presque polémique, maniant le grand style qui lui est si naturel pour fustiger la tragédie révolutionnaire, comme plus tard, Anatole France le fera à sa façon dans ses admirables Dieux ont soif. JSF
« Ces béats de philanthropie faisaient couper le cou à leurs voisins avec une extrême sensibilité« .
François-René parle du goût des révolutionnaires pour la guillotine et les drames champêtres.
« Tandis que la tragédie rougissait les rues, la bergerie florissait au théâtre ; il n’était question que d’innocents pasteurs et de leurs virginales pastourelles : champs, ruisseaux, prairie, moutons, colombes, âge d’or sous le chaume, revivaient aux soupirs du pipeau devant les roucoulants Tircis et les naïves tricoteuses qui sortaient du spectacle de la guillotine. Si Sanson en avait eu le temps, il aurait joué le rôle de Colin et mademoiselle Théroigne de Méricourt, celui de Babet.
Les conventionnels se piquaient d’être les plus bénins des hommes : bons pères, bon fils, bons maris, ils menaient promener les petits enfants ; ils leur servaient de nourrices ; ils pleuraient de tendresse à leurs simples jeux ; ils prenaient doucement dans leurs bras ces petits agneaux, afin de leur montrer le dada des charrettes qui conduisaient les victimes au supplice.
Ils chantaient la nature, la paix, la pitié, la bienfaisance, la candeur, les vertus domestiques ; ces béats de philanthropie faisaient couper le cou à leurs voisins avec une extrême sensibilité, pour le plus grand bonheur de l’espèce humaine. » ■
* Précédemment paru sur la riche page Facebook de l’auteur, le 5 janvier 2025.
Aristide Ankou
Et oui cher Aristide Ankou, « qui veut faire l’ange fait la bête ».
Comme les jeunes de la bourgeoisie parisienne se prennent pour le prolétariat, surtout depuis que le peuple a rejoint le populisme et le lepenisme et c’est dans les mégapoles que se concentre l’électorat écologiste.
Ils aiment la nature, mais s’en tiennent d’autant plus à l’écart.
Oui, bonne description de Chateaubriand. Il faudrait peut être (re)lire « Songe d’un homme ridicule de Dostoïevski ou le rêve de Versiloff dans son roman « l’Adolescent » Dostoïevski montre combien le mythe de l’âge d’or, du paradis terrestre retrouvé, avec ses bergers et sa nature bucolique, où nous sommes noyés sous un flot de tendresse vertueuse, ce monde sentimental en communion avec la nature,( pensons à Bernardin de Saint Pierre) annonce en réalité un monde où le mal revient cruellement en embuscade. « Le baiser Lamourette » annonce le flot montant de la Terreur, comme l’amour de l’humanité désincarnée. Derrière ce flot de sentimentalité et d’attendrissement sur soi ( est-ce limité à la fin du 18 siècle) s’efface le vrai visage de l’autre ; celui de homme voué à la destruction, songeons à la guillotine et autre moyen performant du 20 siècle;. Ce n’est- comme nous dit le grand théologien orthodoxe Paul Evdokimov – que dans la rencontre de l’homme et du mal (donc grâce à une conscience éclairée ) que la liberté apparait, le sens de notre existence: « le libre choix de l’objet de son amour. » (Là où est votre votre trésor, là aussi sera …..