
Cette chronique consacrée à la personnalité de Charles Gave, dont, en effet, le public est immense, mais est aussi controversée, est parue dans JDNEWS du 24 avril. Les commentaires sont ouverts. JE SUIS FRANÇAIS
Par Mathieu Bock-Côté.

« Il enseigne les arcanes de la finance et de la politique, à la manière d’un homme qui a vu le système de l’intérieur, et qui a décidé de l’exposer. Génial à sa manière, drôle, bourru, il tape à la hache rhétorique sur une caste qui s’accroche à ses privilèges bureaucratiques, et qui conduit notre civilisation à la ruine, en se gavant sur le dos des pauvres gens. »
CHRONIQUE. Dans sa chronique hebdomadaire dans le JDNews, Mathieu Bock-Côté rend hommage à Charles Gave, chantre du libéralisme puisant son inspiration dans les Évangiles.
Le libéralisme français n’a généralement pas bonne mine. Si vous croisez un de ses représentants dans un colloque savant, il a souvent les traits d’un professeur désenchanté en veste de velours côtelé usée, convaincu des vertus d’une philosophie qu’il croit par ailleurs vaincue d’avance. Il n’inspire ni la joie, ni l’esprit de conquête, même s’il est probablement honnête. Les libéraux de gouvernement valent-ils vraiment mieux ? Ceux du bloc central prétendent l’être parce qu’ils parlent tout le temps de l’État de droit et des marchés. Ils souhaitent pourtant étendre la censure et justifient des impôts toujours plus élevés. C’est pour eux qu’on a inventé le concept de libéralisme autoritaire. S’ils sont libéraux, je suis une cantatrice moldave.
Reste les libéraux de droite qu’on aime dire libéraux-conservateurs, trop souvent écartés, cela dit, entre leurs convictions et leur désir d’être respectables, ce qui les neutralise un peu. Ils veulent lutter contre la bureaucratie, avec raison. Ils maudissent la kleptocratie qui pratique le braquage fiscal. À la fin, comme les autres, à tout le moins pour la plupart d’entre eux, ils jouent au front républicain. Tout cela pour dire qu’on ne sait pas trop ce que veut dire le libéralisme, en France, et qu’on ne sait pas trop où il va. Mais il suffit peut-être d’élargir la focale pour voir les choses autrement. Car le représentant le plus vigoureux du libéralisme français est un jeune homme de 80 ans, qui a probablement plus d’énergie qu’un régiment de vingtenaires fringants, et qui à sa manière, enseigne la bonne parole depuis une trentaine d’années, avec ses livres et ses émissions de l’Institut des libertés.
Vous venez de reconnaître Charles Gave. Sa réputation, dans les grands médias, est celle d’un financier fortuné, qui soutient de nombreuses causes, et pour cela, d’ailleurs, ils sont nombreux à se présenter à sa porte pour obtenir un chèque, et puisqu’il veut servir la cause, souvent, il le donne. Les journalistes commissaires politiques de la presse de gauche cherchent à lui coller de sales étiquettes. Je ne pense pas me tromper en disant qu’il connaît à peine leur existence. Sa réputation pour le grand public est autres : il enseigne les arcanes de la finance et de la politique, à la manière d’un homme qui a vu le système de l’intérieur, et qui a décidé de l’exposer. Génial à sa manière, drôle, bourru, il tape à la hache rhétorique sur une caste d’Ancien Régime qui s’accroche à ses privilèges bureaucratiques, et qui conduit notre civilisation à la ruine, en se gavant sur le dos des pauvres gens. Son public est immense. Ce n’est pas un détail.
Charles Gave est libéral, et il croit que le libéralisme vient de loin, qu’il s’agit, en quelque sorte, d’une philosophie naturelle, conforme à ce qu’on sait de la nature humaine, et non pas d’une idéologie comme une autre. Il a cherché à nous en convaincre en 2005 dans Un libéral nommé Jésus, un ouvrage qu’il vient de rééditer, aux éditions Pierre de Taillac. Son objectif : « décrypter la pensée économique du Christ ». L’entreprise est étonnante, et convaincante. Non pas que Jésus soit un théoricien conscient de l’économie de marché, mais Gave nous montre comment, à la lecture des Évangiles, on trouve ce qu’on pourrait appeler une science de la nature humaine – ce sont mes mots, pas les siens, mais je ne crois pas le trahir en le disant ainsi. Qu’il s’agisse de la propriété, de l’endettement, du respect des contrats, ou du capital, il cherche à voir ce que les Évangiles en disent.
Charles Gave n’appartient pas à la caste des intellos officiels
La réponse est dans le titre de son livre : ceux qui se sont réclamés de Jésus pour nous imposer un socialisme censé traduire pratiquement son enseignement sont des illettrés ou des menteurs. Que chacun s’y plonge pour voir s’il en sera convaincu. Chose certaine, Charles Gave, le plus vigoureux essayiste libéral n’appartient pas à la caste des intellos officiels et mondains. Et c’est peut-être pour cela qu’il rend libéralisme vivant, et joyeux. ■ MATHIEU BOCK-CÖTÉ
S’il n’y avait eu que des libéraux, la France n’aurait ni Airbus, ni Ariane, ni le nucléaire…
Les libéraux nous racontent toujours les mêmes salades patronales, à la Mittal… puis se tirent avec les profits et le chômage des ouvriers.
Vive le Colbertisme.
Vive le colbertisme d’accord. Mais il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour les canards sauvages il n’y a plus de colbertisme, il n’y a plus de Colbert. Il n’y a pas de Louis XIV, il n’y a pas de filiation sérieuse entre le colbertisme et les réalités étatiques de nos jours. Vous rêvez debout ! Sans aller trop loin, la France de Jérôme Monod est morte, archi morte, sous Macron, Attal et le vieux Bayrou. Les grands projets que vous mettez au crédit de l’État ont 70 ans. L’espace d’une vie. Il faut suivre les avis de décès !
@Raphaël : Je ne dis pas le contraire, hélas !
Où est le temps où il y avait une Datar et un Commissariat au Plan qui décidaient de réaliser le « Plan routier breton », d’aménager la côte pleine de moustique du Languedoc, qui installaient des usines d’État (billets) en Auvergne, l’imprimerie des timbres-poste à Périgueux… Qui irriguait la France de grands barrages, d’autoroutes, d’aéroports ?
Vous avez raison, tout ça est mort et si le Gouvernement décidait de créer ici ou là une implantation industrielle, il se ferait taper sur les doigts par cette foutue saloperie d’Europe. Et n’aurait pas le courage de passer outre de peur que le Luxembourg ou la Slovénie nous déclarent la Guerre.
Parmi les acteurs politiques du moment, un homme incarne ce que les commentateurs regrettent. On le sait car il expose sur le web, avec une générosité et une précision rares dans ce milieu, ses analyses et sa pensée. C’est, en ce moment, le meilleur représentant d’un colbertisme éclairé. Il propose de claquer la porte à cette « foutue saloperie d’Europe ». L’article 50 du traité de l’UE nous permet de déclencher légalement, immédiatement cette reconstruction d’un cadre pour la pais et la coopération entre, notamment, les partenaires d’Airbus et d’Ariane… et selon leur modèle. L’article 50, ainsi que s’en sont aussi convaincus Charles Gave et d’autres, mettrait instantanément fin aux chantages, trahisons, rackets, aventures et abus de pouvoir du clan von der Leyen et de ses procurateurs soi-disant français.
Or ce sont ces idées, ces hommes, qu’il est interdit de faire connaître aux Français Et ces procurateurs, agents duplices, qu’ils sont seuls autorisés à choisir dans les sondages, dans les media et les urnes.. Nous vivons dans un immense mensonge par omission.
Sus à l’Omission Européenne et à tous ses omissionnaires, pourrisseurs de notre vie.
Dans ma jeunesse (et un peu au-delà), j’ai beaucoup fréquenté un ami de mes parents, «homme d’affaires» très émérite, «parti de rien», «qui se fit tout seul», etc. ; bref, une véritable image d’Épinal de «l’ascenseur social à la française». C’était, humainement, un quidam plutôt sympathique, d’autant, qu’il était fort pittoresque, sans langue dans la poche et, par-dessus le marché, très chaleureux. Ayant commencé dans la carrière par une serrurerie, il aboutissait assez tôt à une situation économique spectaculaire. Et il savait argumenter, exactement à la manière de Charles Gave, plein de certitudes et, au fond, assez méprisant pour ceux qui n’avaient pas «réussi» comme lui… Cependant, il aimait «les artistes» et ne manquait jamais une occasion d’une bonne action en direction de ceux-ci, bonne action financière, cela va sans dire – en somme, il se payait le luxe de quelques indulgences auprès du culte républicain.
Lorsqu’il m’arrive d’assister à une péroraison de Charles Gave, je me rappelle le regretté Bernard Avrillon, de vingt ou trente ans son aîné, qui professait exactement la même chose, déjà, dès les années 60… Et pourtant, dans les années en question, tout ce qu’évoque Pierre Builly se mettait en place, les PTT servaient le chaland très simplement, commodément (jusque’à deux distributions matinales de courrier chez ma grand-mère, au fin fond de ce qui n’était pas même une «banlieue» lyonnaise, et une troisième l’après-midi, etc., etc.), les budgets de l’État étaient parfaitement à l’équilibre… Bon, je ne vais pas m’éterniser sur ce que tout le monde sait parfaitement, à commencer par tous les Charles Gave de l’économie libérale… Seulement, ils ne veulent pas en tenir compte : c’est commode pour le tambour de leurs raisonnements.
Cependant, à la longue, ils ont eu total gain de cause : après le bourgeoisisme triomphant et assassin des suites de 1789, quelque chose comme 150 ans plus tard, l’arrivisme des parvenus l’a emporté à son tour sur les précédents. Pour résumer, le bourgeois s’est voulu aristocrate jusqu’à ce que le socialiste, dès lors fabriqué, se fasse libéraliste, sans que l’on sache au juste comment démêler les histoires de cul des histoires de fric, sous couvert de considérations nouvelles qualifiées de «sociétales», néologisme en formica mal stratifié, dont on ne sait pas au juste ce qu’il veut dire exactement tant il est changeant.
Les Charles Gave se rengorgent, déplorant les causes dont ils sont les plus spectaculaires effets. C’est la même race que cette espèce de gangrène sur un autre versant du même tas d’ordures, je veux, par exemple, évoquer le type de cas représenté par le plus détestable encore avocat Juan Branco, dont la dénonciation de ce qui l’a fabriqué lui-même est devenu fonds de commerce.
Or, tout comme Juan Branco est allé voir comment cela se passait chez Mélenchon, Charles Gave a le toupet de se référer aux Évangiles pour justifier l’inconséquence de ses raisonnements, dignes de quelque une ou deux années d’école de commerce. Mais « il [lui] manque encore une chose : vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux». À interpréter avec la vulgarité toute sommaire du proclamé «fort en thème» les paroles du Christ comme il le fait, ainsi que tous ses semblables socialo-communistes (très également férus d’incultes à-peu-près en confucianisme), il aurait pu suivre cette parole que l’on trouve chez Marc (X, 21).
Le libéralisme, tant économique que «sociétal», c’est le triomphe institutionnalisé – dans des codes soigneusement évolutifs – de la bestialité, du lieu commun, des idées reçues, du préjugé individualiste, bref, stricto sensu, c’est de la pornographie, à savoir l’écrit relatif à l’exercice du comment on fait commerce (de «pernêmi» = “vendre” ; «graphein» = “écrire”).
Il n’est d’ailleurs pas anodin que ce genre de personnages déborde exagérément de libido et que ce soit dans les menées «entrepreneuriales» que l’on rencontre les mieux structurés des abus sexuels et autres perversités narcissiques.
Vous faites un contresens total sur Juan Branco, inutile d’en dire plus car si vous êtes honnête et attentif à ses propos vous pourriez vous en rendre compte par vous-même : un avocat qui va défendre un client, candidat à la présidentielle et emprisonné au Sénégal*, qui se retrouve lui-même incarcéré ça ne cours pas les rues. Inutile de dire que quelqu’un comme lui qui a toujours refusé de céder aux sollicitations de la caste au pouvoir, avide de ses qualités intellectuelles, et a pris le risque d’en dénoncer les turpitudes ne mérite pas vos propos mais bien au contraire une grande admiration.
Quant à Charles Gave, je suis toujours étonné qu’il ne réalise pas que le jeu de la spéculation, qu’il approuve, est intrinsèquement pervers, ce qui a accouché de la Dictature Actionnariale Globale (alias mondialisation économique) dans un monde où le manque de créativité et le sens du travail ont été détruits (« l’horreur économique ») par la bureaucratisation étouffante des multinationales. Si nous comprenons que ces dernières, poussées par leur actionnariat, dans sa soif inextinguible d’argent frais, ont cru pouvoir fourguer leurs produits déficients, addictifs bien souvent nocifs en agissant sur les décideurs par le ruissellement torrentiel de la corruption, de façon à les faire acheter par la contrainte et la peur à des peuples entiers, alors nous pouvons comprendre ce que le Général de Gaulle avait voulu éviter par l’Accession des Salariés à la Copropriété de leur Entreprise. En effet, le retour au sens du travail avec le fait de réhabiliter l’esprit de service par une vision claire des effets du produit sur le client par un lien humain, celui du retour au réel, débarrassé des zombies victimes et bourreaux du genre Kerviel.
* lisez donc son témoignage sur les conditions d’incarcération
Je ne fais aucun contre-sens, seulement il me faudrait disposer d’informations précises à son sujet, informations que je n’ai ni le goût ni le temps d’aller chercher. Il eût donc mieux valu que je m’abstienne de nommer le personnage, mais cela m’est venu spontanément… Comme je sais ce que je dis, je ne le retire donc pas, regrettant seulement de ne pas avoir su mieux l’argumenter. Je m’engage formellement à faire amende honorable s’il advenait que l’avenir me remette en place, mais je prend le pari que, d’ici à quelque temps plus ou moins lointain, Juan Branco fera par lui-même la démonstration ce que j’ai allusivement – et, peut-être, imprudemment –avancé. Au passage, une incarcération peut tout à fait avoir été déterminée par une contravention et un emprisonné n’a certainement pas droit à un quelconque titre de notoriété, dont le plus que jamais rarissime Homme libre est pour ainsi dire constitutionnellement interdit de jouissance.
Il y a une perversité de la vertu exhibée – Joséphin Péladan appelait cela «vice suprême». Juan Branco n’est qu’un donneur de leçons un peu mieux achalandé que l’ensemble moins diplômé de la camaraderie dont il est issu.
Bonjour
Je ne connais pas suffisamment l’histoire post
« Gilets Jaunes » de Juan Branco mais je suis complètement d’accord avec vous sur Charles Gave (le correcteur orthographique a insisté pour écrire « Gavé » !) qui est une sorte de pompier incendiaire… le libéralisme et le socialisme (ou communisme ) sont les deux faces d’une même pièce celle de la république et du droit positif base juridique du capitalisme et opposé au droit naturel, celui révélé par Dieu et prôné par Jesus Christ…
Bien cordialement
Tout est dans tout et réciproquement. Il y a du vrai dans ce qu’écrit David Gattegno. Mais il y a aussi du Clérembard dans son éthique. Comme il y a de la libido chez nos saints prêtres, autant que chez nos chefs d’entreprise si ce n’est plus . La société c’est le gros animal et le paradis n’y règne pas.
La très à la mode condamnation de la «libido des prêtres» relève de ce que la Grèce antique appelait l’«éphébie». Certes, une éphébie modernisée, c’est-à-dire pervertie. Mais c’est de cela qu’il faudrait parler. Seulement, ce n’est pas trop le lieu ici pour développer cette question suprêmement embarrassante pour la morale républicaine et/ou petite bourgeoise. Si l’on veut un tant soit peu trouver à se mettre de l’intelligence sous la dent pour envisager ladite question, on doit se reporter à Platon, chez qui on trouvera quelques bribes et morceaux permettant de se sustenter un tant soit peu. Alors, oui, ce qui était éphébie est devenue plus ou moins gravement perversion, mais, dans tous les cas représentés cela reste sans aucun rapport avec la réelle «libido» (au sens péjoratif du terme) dont l’euphémisme «homme à femme» cherche à édulcorer ce qu’il y a de détestable là-dedans. Du reste, sans être pourtant «chef d’entreprise», le Juan Branco est infecté au même titre par le satané microbe et c’est par là qu’il se trahira lui-même à la face de ceux qui l’adulent – je prends date…
En effet, comme dit Anne, «la société c’est le gros animal», Nietzsche disait plus terriblement «monstre froid», sauf que la «froideur monstrueuse» – glace du Cocyte chez Dante – s’est réchauffée au souffle de la bien pensance, a arrondi ses angles d’adiposités vagues parodiées du «bon sens».
En effet, toujours, nous ne sommes pas en Paradis – ce serait plus qu’hérétique, ce serait proprement satanique, que d’espérer trouver celui-ci sur la Terre désormais : ce qui fait l’humanité tient primordialement à ceci qu’il y a eu la Chute !
Depuis l’expulsion du Paradis, nous sommes commis à travailler or, ce que, ici, nous désignons en tant que «libido» c’est précisément la jouissance substituée au travail, ce qui constitue une impossibilité pour ainsi dire «métaphysique», et ce, parce que la Joie sublime – le Royaume, autrement dit –, «n’est pas de ce monde».
Anarchos, socialos, cocos, libéraux, sociétaux libertariens, indicateurs de police et autres pornocrates de même révolution voudraient assurer leur misérable contemporain de l’Éternité dont ils souffrent fondamentalement de douter, d’où, par exemple, la satanique théorie de «la petite mort» élaborée par Georges Bataille, celle-ci intéressant le moment extrême de l’orgasme comme équivalent de l’instant paradisiaque : l’«Éternel Présent», d’ailleurs, foudroyant – tout le fantastique sujet du triptyque de Jérôme Bosch appelé «Jardin des Délices»
J’ai bien fait de titiller David Gattegno. Cela garantit des morceaux de bravoure pas nécessairement compréhensibles mais dont on pressent tout de même la richesse et en un sens la « folie ». Merci à lui.
Pour Gave, plutôt que d’aligner de pâles discours rebattus de pédants de collège en langage bas-maritain ou haut-claudélien, il faudrait peut-être lui faire la vraie charité de se demander ce qu’il lui reste d’authentique libéralisme idéologique. Un métier d’Argent ? C’est un handicap, ce n’est pas un péché. Le goût du fric ? Même remarque. Est-ce que tout ne dépend pas de ce qu’on en fait ? Quant au mot libéralisme, où, désormais, on fourre tout ce qu’on veut, qui a perdu tout contenu substantiel, si je peux dire, a-t-il encore un sens solide ?
Gave est insupportable, mais j’avoue que j’apprécie la rudesse de son propos qui nous change du langage feutré des tièdes et des ploucs.
Mais qui est ce Juan Branco qu’on évoque ? un influenceur Tik-Tok ?
Merci aux contributeurs de se lâcher. Il faut avoir personnellement vécu cinq ans dans un pays socialiste d’Afrique du nord où nous disposions d’une seule marque de café médiocre – monopole d’Etat- où les investissements privés nécessaires étaient bridés pour apprécier les vertus d’une économie libérale de marché, où la créativité est encouragée par une saine concurrence, comme aussi la production de richesses au service des populations.
Je crois maintenant qu’ Anne touche le point sensible
: quel usage faisons-nous de nos richesses? L’évangile n’est jamais contre la richesse, mais contre l’usage qu’on en fait, que ce soit le jeune homme riche, aimé du Christ, invité à devenir plus riche de son cœur , Marie-Madeleine et son parfum pour l’éternité, défiant Judas qui déjà instrumentalise les pauvres, l’intendant infidèle etc..
le vice profond du libéralisme ou son talent d’Achille , c’est de devenir une idéologie après coup, qui désincarne l’homme , et il devient un système, vit à terme aux dépens » des » couches protectrices de la société » ( qu’ il détruit) comme l’a dit Schumpeter, ce qui a été repris brillamment par Michéa , se servant d’Orwell et sa fameuse » common decency » pour déplorer cet avilissement des classes populaires,. .Conclusion il n’y a pas de schéma idéal préétabli pour l’économie, et comme disait le Baron Louis sous Louis XVIII, » faites une bonne politique, et vous aurez une économie prospère » C’est toujours vrai . Personnellement je suis disciple d’Alfred Sauvy et de son refus du malthusianisme, refus des richesses de l’homme.. Aujourd’hui avec les écolos le malthusianisme triomphe et le refus de vivre avec ses fameuses lois diverses dont sociétales en germination ou passées. Le malthusianisme infiltre-t-il aussi l’Eglise? Est-ce chrétien? Non, me semble-t-il .Non.
Merci Henri pour ce beau commentaire
Vous allez bien loin pour évoquer des « penseurs » plus ou moins connus (Schumpeter ? Michéa ? et même Sauvy) dont aucun individu indifférent à la philosophie ne saurait dire s’ils vivent encore, ce qu’ils nt dit ou ce qu’ils pensent ou ont pensé…
La philosophie est vraiment l’emmerdement majuscule de toutes les époques…
Ce que l’on dit, c’est que le Charles Gave est un homme qui aime s’en mettre plein les poches au détriment de l’intérêt de la société et que ce qu’il rejette avant tout , c’est que les pauvres aient une part du gâteau qu’il bouffe.
Qu’est-ce que ça veut dire, David Gattegno ; « Depuis l’expulsion du Paradis, nous sommes commis à travailler or, ce que, ici, nous désignons en tant que «libido» c’est précisément la jouissance substituée au travail, ce qui constitue une impossibilité pour ainsi dire «métaphysique», et ce, parce que la Joie sublime – le Royaume, autrement dit –, «n’est pas de ce monde».
Où est le rapport entre le Paradis terrestre et l’exploitation de l’Homme par l’Homme ? Qu’est-ce que la « libido des prêtres » a à voir avec la nationalisation des entreprises usines à la Nation ?
Sans doute, n’ai-je rien compris mais vous partez tous dans des rêveries qui n’ont rien de politique…
Au fait, je repose la question : qui est ce Juan Branco dont vous nous rebattez les oreille ? Une de ces racailles « gilet jaunes » qui ont dévasté l’Arc de Triomphe ? C’est ça que vous admirez ?
Cher Pierre Builly, j’ai voulu évoquer les formules de la Genèse : «Tu travailleras à la sueur de ton front […] tu enfanteras dans la douleur». Cela afin de replacer la notion de travail dans une perspective spirituelle, perspective qui pulvérise et foudroie les raisonnements de fonctionnaires, de bureaucrates ou d’épiciers en plus ou moins gros. Cela dit, encore, en raison des prétentions évangélico-bancales de Charles Gave. Le rapport entre le Paradis et ce que vous appelez «exploitation de l’Homme par l’Homme» tient à ce que le Travail ressortit à tout le contraire de pareille exploitation : c’est un devoir majeur attaché à la condition humaine, devoir qui ne devrait donc pas passer par la phase de rétribution et de règlements commerciaux ayant cours entre les hommes.
Quant à la libido des prêtres évoquée, c’était pour répondre à l’observation d’Anne sur ce qu’elle pourrait être comparable à celle des chefs d’entreprises.
Enfin, pour Juan Branco, je le tiens pour une redoutable crapule : le petit résumé biographique qu’en a dressé Henri est exact, seulement, pour ma part, je tiens le bonhomme pour un vicieux cérébro-social (on dit pervers-narcissique, aujourd’hui) ; en tout état de cause, c’est un gauchiste militant, fort jaloux de ses congénères en sciences politiques, qui sont mieux arrivés que lui. De plus, il est passablement mal foutu du côté de la libido, justement et comme par hasard, ayant exercé sa caricaturale virilité pseudo-ibérique sur du «pédé», qu’il aimait à vilipender dans sa jeunesse, puis sur quelques jeunes femmes dont on ne sait pas trop jusqu’à quel point il en a abusé…
Schumpeter, un grand penseur de l’économie, Alfred Sauvy , un démographe passionné par les questions économiques dans le temps long, à l’origine du baby boom, inspirant les lois natalistes dès 1938 et peut être l’ inspirateur des » trente e glorieuses » par contagion , dénonçant sans relâche la régression sociale du malthusianisme- par exemple de la réduction du temps de travail ( donc de la richesse) pour lutter contre le chômage . Michéa, un homme de gauche sincère, qui dénonce avec talent le mépris idéologique (ontologique! ) de presque toute une gauche pour le vrai peuple , voulant survivre en gardant sa dignité, . Juan Branco , un garçon attachant tout en pouvant être irritant parfois, mais qui dévoile la mystification d’un Gabriel Attal, qu’il a bien connu à l’école alsacienne, tous deux arrivant là avec une cuillère en argent, mais Juan Branco , lui, s’est révolté, non sans un certain panache.. Ils ne déparent pas dans le paysage intellectuel ancrés dans le réel , et non dans son déni depuis plus de quatre vingt ans..,
Mais je les connais tous, Henri sauf cet inattendu Branco) ! Seulement je me demande ce que ces gens-là viennent faire dans un propos consacré à Charles Gave ! Pourquoi pas à Bernard Tapie ?
Oh mais je ne contredis pas du tout l’intention de David Gattegno de « spiritualiser » le travail. C’est de l’ordre de la Tradition. Aujourd’hui interrompue presque totalement. D’où une société empêchée de vivre naturellement (ou surnaturellement) comme disait Boutang. Nous y sommes tous plus ou moins plongés, dont Charles Gave. Par d’autres côtés., il est patriote, enraciné, traditionnel. L’inverse de son libéralisme… Laissons-lui le « crédit » de ses contradictions.
mis les amis, nous ne sommes pas dans les élucubrations intellectuelles de la « Revue Universelle » » !
Tout ce travail intellectuel m’a toujours enquiquiné « grave » comme disent nos enfants.
Ce qui m’a plu, c’est la politique et, au meilleur des cas « prendre le pouvoir ». « Hic et nunc » comme disait Mitterrand.
Les spéculations lyriques m’indiffèreraient. Mais j’ai déjà écrit vingt fois que j’étais « Kimiste » ; de cette admirable lingée très capétienne des Kim, qui se perpétue dans la Corée du Nord.
«Élucubrations intellectuelles de la “Revue universelle”» ???? Allons bon ! Jacques Bainville serait donc un «élucubrateur», en somme ? Dans ces dispositions analytiques, il ne me resterait qu’à rendre les armes. Sauf que, voilà et voyez-vous, «ce travail intellectuel» qui «a toujours enquiquiné “grave”» les organisateurs politiques des débats est le seul TRAVAIL authentiquement générateur de sueur à notre front – non au front du prochain, comme dans le processus libéral-socialiste d’optimisation des labeurs.
Il y a nécessité absolue de sens «intellectuel» pour orienter – par la «guidance et la discrimination» – ; c’est l’application stricte, non de la minable «séparation des pouvoirs», hoquetée systématiquement au tournant des XVIIe-XVIIIe siècles, mais de la hiérarchie entre le temporel et le spirituel. Les spirituel et temporel ne sont en rien séparés mais, tout au contraire, étroitement unis par la soumission du second au premier – et les vaches sont bien gardées.
Les Charles Gave et autres Juan Branco (sans préjudice d’aucun de leurs collatéraux) sont, pour ainsi dire, des archi-sous-fifres du temporel qui voudraient assortir, chacun à sa sauce, la persuasion de ce que les Bainville, Maurras, Guénon, Maistre, etc., sont bien loin de pouvoir compter autant que la bouillie infantile des «Marx-Lénine-Staline-Mao !» (un peu Trotsky) épicée de loi du marché, pour agiter les grelots de Sciences-Po et HEC.
Pour parler vrai, il faut tenir le compte de ces crétins pour la seule crétinerie caractérielle que cela vaut, libido comprise, c’est-à-dire de l’astro-chimique nullité cogitative.
La révélation «existentielle» de cette chose insensée dont on observe aujourd’hui les débordements m’a été donnée voilà une cinquantaine d’années, au sous-sol du BHV – que l’on me permette de témoigner :
J’étais en quête de je ne sais plus trop quel outil – disons, une paire de tenailles – et arpentais les allées sans le trouver. Je m’adresse à un quidam bleuté de travail, employé du magasin :
— S’il vous plaît, où puis-je trouver des tenailles ?
— Stand 17-89.
— Où est le stand 17-89 ?
— Au bout de la travée 36.
— La travée 36 ? C’est par où?
Sur quoi, l’employé hèle un collègue venu passer à proximité :
— Eh ! Machin, ce type-là ! Eh bien, tu sais quoi ?… Il ne sait même pas où est la travée 36.
Et l’employé de se gondoler gaiement au spectacle de ce qui était pour lui la plus désopilante des ignorances, en un endroit pareil.
Cette anecdote, tout ce qu’il y a de plus authentique (sauf les numéros), démontre à quel point la «culture» et/ou la «politique» peuvent en arriver à raisonnablement dépendre d’une autorité imposée par la très incontestable objectivité de l’état de la voirie ; voirie bientôt conçue comme le seul trajet susceptible de déboucher sur le stand 17-89, celui de la prise du pouvoir, «ici et maintenant», «au bout du fusil», jusques et y compris aux quasi antipodes nord-coréennes.
Je me suis mal exprimé ; je voulais parler de l’actuelle « Revue universelle », non de celle que publiaient, avant-guerre, les gens qui s’intéressaient à la pensée.
Autant faire un aveu : tout cela m’a infiniment emmerdé ; je n’aime que la littérature, non la « pensée » et toutes les ratiocinations possibles m’ennuient ; tout cela me parait tellement vain, alors que l’action, l’action seule peut nous conduire au succès…
J’dis ça, j’dis rien…
Aaaaaaah!!! «l’action»… On sait que Goethe attribue au Faust pactisant avec le diable la traduction «Au commencement était l’action», substituant le terme matérialiste chéri à celui de «Verbe». On croit savoir que c’est Hitler qui aurait eu cette inspiration, lequel Hitler n’a fait que dire dans «Mein Kampf» qu’il adhérait au choix du Faust de Goethe.
De son côté, la Chine ancienne dit explicitement tout à fait autre chose, la Chine ancienne tout entière, de l’empereur Fo-hi originel, à Lao Tseu et Kong Tseu (Confucius), bref, tant la Chine métaphysique que la Chine rationnelle et tant que la Chine sociale… Chacun est conforme à sa nature et doit occuper la place que sa nature lui réserve dans la hiérarchie en général et, pour ce qui nous concerne en particulier, dans celle humaine, avec la précision que chacun, occupant la place qui est irremplaçablement la sienne, est censé TRAVAILLER à sa tâche propre sans jamais s’occuper des tâches pour lesquelles il n’est pas qualifié. Étant par ailleurs largement entendu qu’il n’est pas question de songer «à jouir des fruits» de sa tâche, mais de remplir celle-ci sans autre préoccupation annexe («Ne pas juger, ne pas mesurer, ne pas peser [etc.]», commande l’Évangile à l’être humain). Et la Chine multimillénaire met en garde :
«La suprême vertu n’agit pas, et n’a pas de raison d’agir. L’humanité supérieure agit par elle-même, sans mobiles. L’équité supérieure agit par elle-même avec des raisons pour agir. La civilité supérieure agit par elle-même ; et lorsqu’elle n’obtient pas la réciprocité, elle s’efforce de s’imposer par la contrainte, mais elle est rejetée.
«C’est pourquoi, lorsque la Voie fut délaissée, il y eut la vertu ; la vertu perdue, il y eut l’humanité ; après la perte de l’humanité, il y eut l’équité ; après la perte de l’équité, il y eut la civilité. Or, la civilité n’étant que l’apparence de la droiture et de la sincérité, elle est cause de désordre.» (Tao te king [«Livre de la Voie et de la Vertu»], XXXVIII.)
Eh bien ce n’est pas avec ça que les lys blancs refleuriront !
Je dois dire que Pierre Builly a raison sur ce point : la spéculation intellectuelle, c’est bien (ce que David Gattegno a bien compris, bien qu’il semble parfois digresser dans ses longs paragraphes) ; l’action politique, ce n’est pas si mal non plus. Dans l’ordre de l’action, c’est bien de penser clair, c’est encore mieux de vaincre.