
Égalité vers le bas et crétinisation générale !
Par Jean-Paul Brighelli.

Cet article est paru, naturellement dans Causeur, le 9 octobre. Nous n’y ajouterons rien. Nous connaissons tous trop bien les écrits, la pensée et la manière de Jean-Paul Brighelli, identifiables entre tous, pour ne pas laisser le soin d’en débattre, s’il y a lieu, aux lecteurs de ce quotidien. Je Suis Français
Notre collaborateur nous inquiète. Ardent défenseur de l’École, il finit par révoquer, sous prétexte de défendre l’idéal républicain, les bonnes intentions démocratiques qui depuis quarante ans, en plaçant l’élève au centre constructeur de ses propres savoirs et de son ignorance crasse, ont mis en place un vrai égalitarisme de la nullité. C’est mal, c’est très mal.
Bien sûr, si vous êtes allés à Athènes, vous êtes forcément montés sur l’Acropole. Mais peut-être avez-vous fait, en redescendant, un crochet sur la gauche, où s’élève le long rocher plat du Pnyx, qui servait de tribune lors des débats démocratiques de l’Ecclesia, l’assemblée du peuple.
Un coup d’œil vous suffit alors pour comprendre que le peuple, dans la démocratie athénienne, c’était tout au plus 5000 personnes. Et d’après les historiens antiques, on n’est jamais arrivé à ce chiffre. Comptez plus généralement sur 3000 participants / votants. Des hommes (les femmes, les esclaves, les métèques et les Grecs d’autres cités n’étaient pas admis à voter), et quelques élus.
Ce fut cela, à l’origine, la démocratie — le « gouvernement du peuple ». Quelques milliers de votants. Des décisions prises à main levée — parce que chacun avait le courage de ses opinions.
Les républicains de 1789, imbus d’idées « grecques », ont réalisé le même système en 1793, en instaurant le tribunal révolutionnaire.
Lorsque Platon écrit La République, il a déjà perçu — sans média modernes, sans commentateurs bavards, sans débats interminables pour ne rien dire — que la démocratie engendre la démagogie, qui engendre la tyrannie. C’est dans ce livre que l’on trouve ce passage maintes fois cité pour éclairer les déviations pédagogiques et politiques contemporaines :
« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. »
Comme dit Rousseau, La République est « le plus beau traité d’éducation qu’on ait jamais fait »… Les pédadémagogues qui ont contribué à anéantir l’Ecole de la République, et qui chantent les louanges du philosophe de Genève, l’ont-ils seulement lu ? Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle lu Platon — ou Rousseau ?
Toute démocratie qui dégénère s’inscrit contre la République. Et dans les époques où les décisions du peuple sont niées (rappelez-vous ce que le parlement et les politiques, en France, ont fait du vote des Français sur la Constitution européenne en 2004…), c’est une tyrannie de fait qui s’établit.
Un autre exemple ? L’histrion narcissique qui occupe l’Élysée se targue d’avoir été élu — et de fait, il l’a été, ce qui donne une idée de la valeur d’une élection « démocratique ». Mais quelle légitimité réelle a-t-il encore ? Une vraie République le renverserait demain.
« Ô temps de la tyrannie démocratique », s’exclamait Apollinaire (dans Orphée, en 1917). Ce qui apparaît à première vue comme une contradiction dans les termes est en fait un rigoureux pléonasme : le vote de la multitude, manipulée par les médias, les partis, les syndicats, menacée de réchauffement climatoridien, sommée de « bien » voter, ballotée entre les ambitions de personnages crapoteux qui n’ont de grand que leur mépris du peuple, n’a plus aucun sens.
Après la catastrophe de la guerre du Péloponnèse, qui a vu Sparte (une société monarchique bicéphale, comme plus tard les consuls romains) écraser la démocratie athénienne, la ville de Périclès s’est dotée, pour un temps, d’un aréopage de trente tyrans, qui ont eu la sagesse de réserver le croit de vote à leurs seuls partisans — soit 3000 personnes environ. Le temps de ramener l’ordre dans la cité.
Et peut-être est-il temps de ramener l’ordre en France… ■ JEAN-PAUL BRIGHELLI
Jean-Paul Brighelli
Agrégé de Lettres modernes, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, Jean-Paul Brighelli est enseignant à Marseille, essayiste et spécialiste des questions d’éducation. Il est notamment l’auteur de La fabrique du crétin (éd. Jean-Claude Gawsewitch, 2005).


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