
Par Renaud CAMUS
Ce texte superbe par sa langue, sa vigueur anti égalitaire, un peu à la façon d’Edgar Poe, sa charge contre la tyrannie de l’argent et des machines, un peu comme le Bernanos de La France contre les robots, cette brève méditation réactionnaire mérite en tout cas d’être connue et, le cas échéant, discutée.
À une date que les historiens ont encore à préciser, mais postérieure de peu à la Seconde Guerre mondiale, l’éternelle tyrannie fit la découverte qui allait rendre son pouvoir absolu : il ne lui fallait plus s’appuyer sur les riches et sur les puissants, comme elle l’avait fait sottement jusqu’alors bien qu’ils constituassent pour elle autant de potentiels rivaux ; mais sur les plus déshérités, au contraire, en réclamant pour eux l’égalité, conçue non pas comme leur promotion mais comme la suppression des privilèges des héritiers.
Ainsi l’antiracisme obtint-il rapidement la destruction des États européens, de l’Europe et de sa civilisation.
La démocratisation de l’éducation entraîna rapidement la destruction du système scolaire, les élèves, même issus des milieux privilégiés, ne recevant plus que l’éducation dispensée jusqu’alors aux plus défavorisés.
La démocratisation de la culture eut pour conséquence sa disparition, la seule qui restât admise étant celle des milieux qui n’en avaient pas, le reste étant présenté comme un honteux privilège de classe.
Et l’urgence écologique est aujourd’hui étouffée par la même méthode infaillible, toutes les mesures qui pourraient améliorer un peu la situation de la planète étant successivement écartées au prétexte que les plus pauvres ne sauraient les supporter.
Jamais il n’est question d’améliorer le sort de ces plus pauvres ; mais toujours de les utiliser pour empêcher ce qui pourrait nuire aux desseins de la tyrannie, c’est-à-dire de la machination industrielle de l’espèce humaine. ■ RENAUD CAMUS
Il faut lire et relire le magnifique ouvrage de Renaud Camus intitulé la Dépossession, une analyse pertinente et profonde de la catastrophe de la modernité.