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Culture & Société • Luchini : « Péguy, Zola, Marx et moi… Des cimes de la littérature aux mornes plaines de la politique »

dimanche 5 février 2017 sur JSF

 

Par Vincent Trémolet de Villers    

ENTRETIEN – Fabrice Luchini pose sur notre époque [Figaro – 31.01] le regard ébahi d’un exilé dans son propre monde. Tout l’accable, tout l’amuse et, quand il joint aux bonheurs de l’esprit l’acuité du moraliste, notre langue retrouve, comme par miracle, sa pureté cristalline et son propos nous captive. Luchini est un membre éminent de la cohorte grandissante des antimodernes. Et cela n’est pas indifférent pour l’évolution des idées, des esprits de la France contemporaine en crise aigüe. Quant au sujet de son prochain spectacle qui tourne autour de l’argent, est-il utile d’en souligner l’actualité ?  LFAR  

Est-ce du théâtre, un spectacle, une conversation ? C’est une forme unique : la sienne. Depuis vingt-cinq ans, Fabrice Luchini monte en scène avec pour seule troupe les ombres de nos grands écrivains. Elles lui tiennent compagnie pour une profonde et jubilatoire polyphonie. Poésie ? *, son spectacle construit autour du Bateau ivre, triomphe depuis deux ans et vient d’être récompensé par un Globe de cristal. Au Théâtre du Montparnasse, ils sont près de huit cents, chaque soir, à venir l’écouter dire Rimbaud, Labiche et Céline.

À la fin du mois de mars, en parallèle de ce spectacle, il débute une lecture autour de l’argent. Péguy, Zola, Marx, Bruckner tracent le profil de l’âme humaine sur le revers d’une pièce de monnaie. Ce sera au Théâtre des Déchargeurs**. Nommé aux César (catégorie meilleur acteur) pour son rôle de bourgeois burlesque dans Ma loute, le film de Bruno Dumont, le comédien poursuit inlassablement son travail sur la puissance du verbe.

 

Vous entamez à la fin du mois de mars une lecture de textes autour de l’argent. Pourquoi l’argent ?

La crise des subprimes est à la base de cette lecture. C’était en 2008. J’étais totalement traumatisé par cette crise financière. Je regardais C dans l’air quatre fois par semaine : on nous disait que c’était la guerre, qu’on était en 1929. Dans ce désastre, on voyait apparaître les économistes. On ne les avait jamais vus avant. Depuis, ils sont devenus des stars sublimes : Élie Cohen, Philippe Dessertine, Christian Saint-Étienne, Michel Didier, Bernard Maris. Ils disaient des mots incompréhensibles : « Fonds toxiques », « effet dominos » … Je voulais comprendre.

Êtes-vous parvenu à comprendre ?

Pas vraiment. J’appelle Philippe Dessertine, je l’invite à déjeuner. C’était rue de l’Abbaye. Dessertine me dit : « Tout se joue ce week-end » puis, il ajoute : « Heureusement, on a Musca. » Musca ? Je lui demande qui est Musca. C’est un génie, me dit-il, le secrétaire général de l’Élysée, il vole entre Berlin, Londres, Hongkong. Hongkong ! Je le relance sur les fonds toxiques. Il me dit : « Prenons un exemple, la Société générale. » Je blêmis. Je lui demande pourquoi il choisit cette banque. Il me répond que c’est un exemple. Je m’inquiète. Je sors de table pour appeler ma banque, la Société générale. Mon envie de compréhension de la macroéconomie disparaît : je ne pense plus qu’à mon assurance-vie. Je veux vider mon compte tout de suite, maintenant ! Si tous les Français avaient réagi comme moi, nous aurions eu une émeute. « L’argent rend fous les gens », c’est par ces mots de Jules Romains que je commence ma lecture. C’est une vérité indiscutable.

Comment avez-vous construit cette lecture ?

Pendant ces année-là, j’ai passé du temps avec Dominique Reynié et d’autres économistes à parler de ces sujets. Je voulais résolument faire un spectacle sur l’argent mais je ne savais pas par quel bout l’aborder.

Pourquoi ?

Un spectacle sur l’argent, c’est la fausse bonne idée. On ne peut pas circonscrire le problème. J’ai abandonné le projet. Je l’ai repris il y a quelques mois, en sélectionnant des écrivains qui abordent la question : Péguy, Guitry, Pagnol, Bruckner, Jean Cau… Il y a aussi un texte de Marx qui explique que l’argent vient compenser les impuissances. « Je suis laid », dit Marx, mais je peux avoir la plus belle dans mon lit, donc je ne suis pas laid. Ce qui est terrifiant pour Marx dans l’argent, c’est qu’il réconcilie tous les contraires et donc il déréalise toutes les vraies substances de la personnalité, de l’identité.

Quel est votre rapport à l’argent ?

Je n’arrête pas d’essayer d’objectiver ce que gagnent les gens que je vois. Ce qu’ils ont en TVA, en masse salariale. « Masse salariale » : c’est un mot que j’adore. « T’en es où au niveau de la masse salariale ?» Ça crée un contact, ça enclenche une conversation. On manque souvent de sujet de conversation. Si je déjeune avec Finkielkraut et qu’il me renseigne sur Heidegger, je ne lui parle pas « masse salariale ».

Vous gagnez beaucoup d’argent…

Je gagne très bien ma vie. J’ai certainement dû être très inquiet jusqu’à 35 ans. Pas tellement généreux. Je viens d’un milieu où le soir mon père terminait ses quinze heures de travail en comptant la caisse. C’était un acte ritualisé. Tout était éteint, il était 9 heures du soir et mon père comptait les pièces que lui avaient rapportées les salades, les pommes de terre, les carottes et les fruits. La caisse était au centre de notre vie. Je ne suis pas du tout né dans une famille de professeurs qui voteraient à gauche et qui trouveraient que l’argent est sale. Pour mon père, l’argent n’était pas sale. Nous habitions rue Bachelet et le soir il lisait en se collant à la fenêtre pour avoir la lumière du lampadaire de la rue, ce qui lui évitait d’allumer nos lampes. Ça faisait des économies.

Et vous ?

Je n’ai aucun mythe de l’abondance, du généreux qui invite. En revanche, je ne suis absolument pas avare. J’aimais énormément mon père, il avait tous les droits, mais aujourd’hui je suis allergique à l’avarice. C’est trop violent. Mon père avait une vraie cohérence dans l’avarice. Il ne voyait personne. Il n’avait aucun ami. Une fois, je lui montre deux personnes dans la rue et je lui dis : « Évidemment, vous ne vous invitez pas, mais tu leur parles au square, quand même ?» Il me répond : « Oh oui, c’est les seuls », et arrive cette phrase : « Ils sont aussi cons que nous. » Un silence. Il poursuit : « Ou disons qu’on est aussi cons qu’eux. » C’est du Schopenhauer !

Au cœur de cette lecture, il y a un long extrait de L’Argent, de Charles Péguy…

Péguy est la matrice de cette lecture. Pourtant, il était très loin de moi, Péguy. À tort. Je le plaçais à côté de Léon Bloy : le chrétien exalté complètement dément. J’avais une vague référence qui me revenait et qui disait que sa maman empaillait des chaises. Mon professeur Jean-Laurent Cochet répétait : « La paille en dessous était faite comme les cathédrales. » À part cela, je n’avais pas de rapport à Péguy.

Alors pourquoi Péguy ?

Pourquoi Péguy ? Parce que dans l’écriture de Péguy, il y a des ressemblances avec Bach. Pourquoi Péguy ? Parce qu’il y a chez lui une haine de la modernité et j’y suis toujours assez sensible. Il y a une langue, de la répétition : il faut aller dans le secret. Dans la tête de quelques-uns, Péguy, c’est poussiéreux, c’est la France moisie. Pour d’autres, c’est le socialiste, le catholique, l’héroïque défenseur de Dreyfus. Mais moi, je me fous des commentaires. L’écume, c’est le travail des intellectuels. Le mien consiste à rejoindre les courants profonds. J’essaye de remonter à l’origine. Comment on arrive à cette écume ? L’acteur doit être dans une innocence qui frise la bêtise. Avant de chercher à commenter Péguy, je cherche à retrouver ses rythmes, son humeur.

Mais il y a une vision du monde chez Péguy…

Disons qu’il n’est pas très « revenu universel », le Péguy. C’est même l’anti-Benoît Hamon puisqu’il ne cesse de dire que « travailler, c’est prier ». Alors que je n’ai ni la grâce ni la joie d’avoir la foi, je continue, par Nietzsche, de tourner autour du christianisme ; mais avec Péguy je reconnais qu’on entre dans quelque chose qui est de l’ordre du mystère. Écoutons cette voix qui remonte du fond des âges : « Nos vieux maîtres, nos bons maîtres n’étaient pas seulement des hommes de l’ancienne France. Ils nous enseignaient au fond la morale, je dirai même l’être de l’ancienne France. » Il continue : « Ils nous enseignaient la même chose que les curés et les curés nous enseignaient la même chose qu’eux. » Quand il décrit Paris, on dirait de la sociologie contemporaine : « La population est coupée en deux classes si parfaitement séparées que jamais on n’avait vu tant d’argent rouler pour le plaisir, et l’argent se refuser à ce point au travail. Et tant d’argent rouler pour le luxe et l’argent se refuser à ce point à la pauvreté. » En 1910, Péguy voit l’horreur de la financiarisation du réel !

Qu’est-ce qui distingue une lecture d’un spectacle ?

Une lecture n’impose aucune obligation de représentation théâtrale. L’exercice que je vais commencer sera un exercice austère, dans une salle minuscule, à peine 70 personnes. C’est une lecture écologique. Je minimise les émissions de CO2, je réduis mon bilan carbone.

Vous en êtes à près de 300 représentations pour Poésie ? Comptez-vous arrêter le spectacle ?

Je ne vais pas arrêter Poésie ? pour une raison simple : depuis une vingtaine de jours, je crois être un peu moins incorrect sur Le Bateau ivre. Tant qu’il y a de la demande, je n’arrête pas, et la demande continue. Manifestement, un certain public a encore le goût des textes de Molière, Rimbaud ou Céline. Et j’éprouve une grande joie à aller au Théâtre du Montparnasse.

Comment expliquez-vous ce succès phénoménal ?

Qui sait ce qui motive celui qui réserve son billet pour Poésie ? Si je suis optimiste, je songe à la belle formule de Yasmina Reza, qui me confiait à la fin du spectacle : « J’ai compris pourquoi je suis française. » Si je suis pessimiste, j’imagine que les spectateurs se disent : « Bon, il y a de la culture mais on ne s’ennuie pas. » Pourquoi les gens adhèrent-ils ? C’est un mystère. Dans le spectacle, j’essaye simplement de mêler ma petite vie à la grandeur de nos textes. Le miracle, c’est de faire un spectacle qui a de la drôlerie sans céder au fascisme de l’obligation du divertissement.

Les spectateurs sortent enthousiasmés !

Peut-être avaient-ils besoin de se retrouver dans notre langue…

N’êtes-vous pas lassé ?

Pas du tout. J’ai la chance de servir Rimbaud, Nietzsche, Molière. Est-ce qu’un interprète se lasse de jouer les Partitas de Bach ?

Les politiques viennent vous voir. Comment jugez-vous la parole politique ?

Délicat, comme question. Devenir orateur ou maîtriser l’art du récit demande des décennies. Cela fait trente-cinq ans que j’y travaille. La restitution d’un texte englobe une obsession quasiment mystique. Ce n’est pas avec quatre séances qu’un homme politique peut trouver son médium (qu’il m’arrive moi-même de perdre). Les rythmes, les sons, l’amplitude : là sont les vrais problèmes. Comment être ample sans être grandiloquent ? Comment être entendu pour produire l’écoute et comment ne pas crier pour ne pas produire l’inconfortable ?

Vous lirez aussi du Jean Cau…

Les portraits écrits par Jean Cau, ça frôle le Saint-Simon.

Toujours antimoderne ?

Toujours aussi insensible au concept de progrès. Quand il y a des discours merveilleusement emphatiques sur l’horreur de cette cochonnerie de société, j’y souscris. Notre société est absurde. L’Amérique a fait gagner un président simplement parce qu’il a fait le buzz sur une coupe de cheveux. Moi, en tant que coiffeur, la présence de Trump, avec sa mèche, ses cheveux qu’il a piqués à des singes en voie d’extinction, cela me pétrifie. Comment voulez-vous croire à la société ?

Êtes-vous inquiet ?

Entre le Chinois qu’a pas l’air marrant, Trump et ses cheveux délirants, Poutine et ses airs impénétrables, disons que je ne suis pas optimiste. Mais je ne l’ai jamais été. La seule question, dit Cioran, est la suivante : « Est-ce que l’homme était utile ?» Il raconte que dans les dîners mondains il partait toujours le dernier « parce que celui qui partait en premier, tout le monde le massacrait ». Ce n’était pas des gens méchants, c’était des gens gentils. Mais c’est comme ça, dès que quelqu’un part, « on se le fait ».

C’est sombre…

Il faut se méfier du pessimisme aussi. Il peut devenir une convention et un autre conformisme comme l’enthousiasme mécanique. Le pessimisme des écrivains que j’aime tourne parfois à la posture. C’est une autre doxa, un politiquement correct inversé.

Il vaut donc mieux être Philinte qu’Alceste…

Mon éthique de 2017 ? C’est pas la faute des autres et je ne juge personne. Je veux décider de ne pas avoir d’opinion.

Par exemple ?

Si j’ouvre W9 et que je vois Les Ch’tis dans la jet set. Ce sont des gens avec des casquettes en arrière, des filles avec des shorts très appétissants, des maillots de bain, une maison, une piscine et des dialogues insensés. Je regarde ça, ahuri, mais je n’ai pas d’opinion. Sur l’écran, il y a une histoire d’amour, puis il y a une fille qui n’est pas intégrée, puis ils vont se balader en voiture et puis ils se refoutent à poil. Ils sont bronzés avec plein de tatouages. J’objective. Je m’informe pour savoir combien de gens regardent cette série, combien de gens regardent Plus belle la vie. 3,4 millions pour Plus belle la vie, et Bruno Dumont ne fera jamais plus de 1,5 million. Mais ce serait trop simple si le camp du bien, c’était Bruno Dumont, et le camp du mal, Les Ch’tis dans la jet set. Tout cela est une énigme et tout cela me dépasse. Je me contente d’aller dans un minuscule théâtre de 70 places pour dire du Charles Péguy, au magnifique Théâtre du Montparnasse pour dire Le Bateau ivre.  • 

« Pourquoi Péguy ? Parce qu’il y a chez lui une haine de la modernité et j’y suis toujours assez sensible » 

 

* Poésie ? Du 7 au 20 mars. Tél. : 01 43 22 77 74 – www.theatremontparnasse.com

** Des écrivains parlent d’argent, Du 28 mars au 27 avril. Les mardi, mercredi et jeudi. Tél. : 01 42 36 00 50 – www.lesdechargeurs.fr

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Vincent Trémolet de Villers 

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Culture & Société • Luchini : « Péguy, Zola, Marx et moi… Des cimes de la littérature aux mornes plaines de la politique »

dimanche 5 février 2017 sur JSF

 

Par Vincent Trémolet de Villers    

ENTRETIEN – Fabrice Luchini pose sur notre époque [Figaro – 31.01] le regard ébahi d’un exilé dans son propre monde. Tout l’accable, tout l’amuse et, quand il joint aux bonheurs de l’esprit l’acuité du moraliste, notre langue retrouve, comme par miracle, sa pureté cristalline et son propos nous captive. Luchini est un membre éminent de la cohorte grandissante des antimodernes. Et cela n’est pas indifférent pour l’évolution des idées, des esprits de la France contemporaine en crise aigüe. Quant au sujet de son prochain spectacle qui tourne autour de l’argent, est-il utile d’en souligner l’actualité ?  LFAR  

Est-ce du théâtre, un spectacle, une conversation ? C’est une forme unique : la sienne. Depuis vingt-cinq ans, Fabrice Luchini monte en scène avec pour seule troupe les ombres de nos grands écrivains. Elles lui tiennent compagnie pour une profonde et jubilatoire polyphonie. Poésie ? *, son spectacle construit autour du Bateau ivre, triomphe depuis deux ans et vient d’être récompensé par un Globe de cristal. Au Théâtre du Montparnasse, ils sont près de huit cents, chaque soir, à venir l’écouter dire Rimbaud, Labiche et Céline.

À la fin du mois de mars, en parallèle de ce spectacle, il débute une lecture autour de l’argent. Péguy, Zola, Marx, Bruckner tracent le profil de l’âme humaine sur le revers d’une pièce de monnaie. Ce sera au Théâtre des Déchargeurs**. Nommé aux César (catégorie meilleur acteur) pour son rôle de bourgeois burlesque dans Ma loute, le film de Bruno Dumont, le comédien poursuit inlassablement son travail sur la puissance du verbe.

 

Vous entamez à la fin du mois de mars une lecture de textes autour de l’argent. Pourquoi l’argent ?

La crise des subprimes est à la base de cette lecture. C’était en 2008. J’étais totalement traumatisé par cette crise financière. Je regardais C dans l’air quatre fois par semaine : on nous disait que c’était la guerre, qu’on était en 1929. Dans ce désastre, on voyait apparaître les économistes. On ne les avait jamais vus avant. Depuis, ils sont devenus des stars sublimes : Élie Cohen, Philippe Dessertine, Christian Saint-Étienne, Michel Didier, Bernard Maris. Ils disaient des mots incompréhensibles : « Fonds toxiques », « effet dominos » … Je voulais comprendre.

Êtes-vous parvenu à comprendre ?

Pas vraiment. J’appelle Philippe Dessertine, je l’invite à déjeuner. C’était rue de l’Abbaye. Dessertine me dit : « Tout se joue ce week-end » puis, il ajoute : « Heureusement, on a Musca. » Musca ? Je lui demande qui est Musca. C’est un génie, me dit-il, le secrétaire général de l’Élysée, il vole entre Berlin, Londres, Hongkong. Hongkong ! Je le relance sur les fonds toxiques. Il me dit : « Prenons un exemple, la Société générale. » Je blêmis. Je lui demande pourquoi il choisit cette banque. Il me répond que c’est un exemple. Je m’inquiète. Je sors de table pour appeler ma banque, la Société générale. Mon envie de compréhension de la macroéconomie disparaît : je ne pense plus qu’à mon assurance-vie. Je veux vider mon compte tout de suite, maintenant ! Si tous les Français avaient réagi comme moi, nous aurions eu une émeute. « L’argent rend fous les gens », c’est par ces mots de Jules Romains que je commence ma lecture. C’est une vérité indiscutable.

Comment avez-vous construit cette lecture ?

Pendant ces année-là, j’ai passé du temps avec Dominique Reynié et d’autres économistes à parler de ces sujets. Je voulais résolument faire un spectacle sur l’argent mais je ne savais pas par quel bout l’aborder.

Pourquoi ?

Un spectacle sur l’argent, c’est la fausse bonne idée. On ne peut pas circonscrire le problème. J’ai abandonné le projet. Je l’ai repris il y a quelques mois, en sélectionnant des écrivains qui abordent la question : Péguy, Guitry, Pagnol, Bruckner, Jean Cau… Il y a aussi un texte de Marx qui explique que l’argent vient compenser les impuissances. « Je suis laid », dit Marx, mais je peux avoir la plus belle dans mon lit, donc je ne suis pas laid. Ce qui est terrifiant pour Marx dans l’argent, c’est qu’il réconcilie tous les contraires et donc il déréalise toutes les vraies substances de la personnalité, de l’identité.

Quel est votre rapport à l’argent ?

Je n’arrête pas d’essayer d’objectiver ce que gagnent les gens que je vois. Ce qu’ils ont en TVA, en masse salariale. « Masse salariale » : c’est un mot que j’adore. « T’en es où au niveau de la masse salariale ?» Ça crée un contact, ça enclenche une conversation. On manque souvent de sujet de conversation. Si je déjeune avec Finkielkraut et qu’il me renseigne sur Heidegger, je ne lui parle pas « masse salariale ».

Vous gagnez beaucoup d’argent…

Je gagne très bien ma vie. J’ai certainement dû être très inquiet jusqu’à 35 ans. Pas tellement généreux. Je viens d’un milieu où le soir mon père terminait ses quinze heures de travail en comptant la caisse. C’était un acte ritualisé. Tout était éteint, il était 9 heures du soir et mon père comptait les pièces que lui avaient rapportées les salades, les pommes de terre, les carottes et les fruits. La caisse était au centre de notre vie. Je ne suis pas du tout né dans une famille de professeurs qui voteraient à gauche et qui trouveraient que l’argent est sale. Pour mon père, l’argent n’était pas sale. Nous habitions rue Bachelet et le soir il lisait en se collant à la fenêtre pour avoir la lumière du lampadaire de la rue, ce qui lui évitait d’allumer nos lampes. Ça faisait des économies.

Et vous ?

Je n’ai aucun mythe de l’abondance, du généreux qui invite. En revanche, je ne suis absolument pas avare. J’aimais énormément mon père, il avait tous les droits, mais aujourd’hui je suis allergique à l’avarice. C’est trop violent. Mon père avait une vraie cohérence dans l’avarice. Il ne voyait personne. Il n’avait aucun ami. Une fois, je lui montre deux personnes dans la rue et je lui dis : « Évidemment, vous ne vous invitez pas, mais tu leur parles au square, quand même ?» Il me répond : « Oh oui, c’est les seuls », et arrive cette phrase : « Ils sont aussi cons que nous. » Un silence. Il poursuit : « Ou disons qu’on est aussi cons qu’eux. » C’est du Schopenhauer !

Au cœur de cette lecture, il y a un long extrait de L’Argent, de Charles Péguy…

Péguy est la matrice de cette lecture. Pourtant, il était très loin de moi, Péguy. À tort. Je le plaçais à côté de Léon Bloy : le chrétien exalté complètement dément. J’avais une vague référence qui me revenait et qui disait que sa maman empaillait des chaises. Mon professeur Jean-Laurent Cochet répétait : « La paille en dessous était faite comme les cathédrales. » À part cela, je n’avais pas de rapport à Péguy.

Alors pourquoi Péguy ?

Pourquoi Péguy ? Parce que dans l’écriture de Péguy, il y a des ressemblances avec Bach. Pourquoi Péguy ? Parce qu’il y a chez lui une haine de la modernité et j’y suis toujours assez sensible. Il y a une langue, de la répétition : il faut aller dans le secret. Dans la tête de quelques-uns, Péguy, c’est poussiéreux, c’est la France moisie. Pour d’autres, c’est le socialiste, le catholique, l’héroïque défenseur de Dreyfus. Mais moi, je me fous des commentaires. L’écume, c’est le travail des intellectuels. Le mien consiste à rejoindre les courants profonds. J’essaye de remonter à l’origine. Comment on arrive à cette écume ? L’acteur doit être dans une innocence qui frise la bêtise. Avant de chercher à commenter Péguy, je cherche à retrouver ses rythmes, son humeur.

Mais il y a une vision du monde chez Péguy…

Disons qu’il n’est pas très « revenu universel », le Péguy. C’est même l’anti-Benoît Hamon puisqu’il ne cesse de dire que « travailler, c’est prier ». Alors que je n’ai ni la grâce ni la joie d’avoir la foi, je continue, par Nietzsche, de tourner autour du christianisme ; mais avec Péguy je reconnais qu’on entre dans quelque chose qui est de l’ordre du mystère. Écoutons cette voix qui remonte du fond des âges : « Nos vieux maîtres, nos bons maîtres n’étaient pas seulement des hommes de l’ancienne France. Ils nous enseignaient au fond la morale, je dirai même l’être de l’ancienne France. » Il continue : « Ils nous enseignaient la même chose que les curés et les curés nous enseignaient la même chose qu’eux. » Quand il décrit Paris, on dirait de la sociologie contemporaine : « La population est coupée en deux classes si parfaitement séparées que jamais on n’avait vu tant d’argent rouler pour le plaisir, et l’argent se refuser à ce point au travail. Et tant d’argent rouler pour le luxe et l’argent se refuser à ce point à la pauvreté. » En 1910, Péguy voit l’horreur de la financiarisation du réel !

Qu’est-ce qui distingue une lecture d’un spectacle ?

Une lecture n’impose aucune obligation de représentation théâtrale. L’exercice que je vais commencer sera un exercice austère, dans une salle minuscule, à peine 70 personnes. C’est une lecture écologique. Je minimise les émissions de CO2, je réduis mon bilan carbone.

Vous en êtes à près de 300 représentations pour Poésie ? Comptez-vous arrêter le spectacle ?

Je ne vais pas arrêter Poésie ? pour une raison simple : depuis une vingtaine de jours, je crois être un peu moins incorrect sur Le Bateau ivre. Tant qu’il y a de la demande, je n’arrête pas, et la demande continue. Manifestement, un certain public a encore le goût des textes de Molière, Rimbaud ou Céline. Et j’éprouve une grande joie à aller au Théâtre du Montparnasse.

Comment expliquez-vous ce succès phénoménal ?

Qui sait ce qui motive celui qui réserve son billet pour Poésie ? Si je suis optimiste, je songe à la belle formule de Yasmina Reza, qui me confiait à la fin du spectacle : « J’ai compris pourquoi je suis française. » Si je suis pessimiste, j’imagine que les spectateurs se disent : « Bon, il y a de la culture mais on ne s’ennuie pas. » Pourquoi les gens adhèrent-ils ? C’est un mystère. Dans le spectacle, j’essaye simplement de mêler ma petite vie à la grandeur de nos textes. Le miracle, c’est de faire un spectacle qui a de la drôlerie sans céder au fascisme de l’obligation du divertissement.

Les spectateurs sortent enthousiasmés !

Peut-être avaient-ils besoin de se retrouver dans notre langue…

N’êtes-vous pas lassé ?

Pas du tout. J’ai la chance de servir Rimbaud, Nietzsche, Molière. Est-ce qu’un interprète se lasse de jouer les Partitas de Bach ?

Les politiques viennent vous voir. Comment jugez-vous la parole politique ?

Délicat, comme question. Devenir orateur ou maîtriser l’art du récit demande des décennies. Cela fait trente-cinq ans que j’y travaille. La restitution d’un texte englobe une obsession quasiment mystique. Ce n’est pas avec quatre séances qu’un homme politique peut trouver son médium (qu’il m’arrive moi-même de perdre). Les rythmes, les sons, l’amplitude : là sont les vrais problèmes. Comment être ample sans être grandiloquent ? Comment être entendu pour produire l’écoute et comment ne pas crier pour ne pas produire l’inconfortable ?

Vous lirez aussi du Jean Cau…

Les portraits écrits par Jean Cau, ça frôle le Saint-Simon.

Toujours antimoderne ?

Toujours aussi insensible au concept de progrès. Quand il y a des discours merveilleusement emphatiques sur l’horreur de cette cochonnerie de société, j’y souscris. Notre société est absurde. L’Amérique a fait gagner un président simplement parce qu’il a fait le buzz sur une coupe de cheveux. Moi, en tant que coiffeur, la présence de Trump, avec sa mèche, ses cheveux qu’il a piqués à des singes en voie d’extinction, cela me pétrifie. Comment voulez-vous croire à la société ?

Êtes-vous inquiet ?

Entre le Chinois qu’a pas l’air marrant, Trump et ses cheveux délirants, Poutine et ses airs impénétrables, disons que je ne suis pas optimiste. Mais je ne l’ai jamais été. La seule question, dit Cioran, est la suivante : « Est-ce que l’homme était utile ?» Il raconte que dans les dîners mondains il partait toujours le dernier « parce que celui qui partait en premier, tout le monde le massacrait ». Ce n’était pas des gens méchants, c’était des gens gentils. Mais c’est comme ça, dès que quelqu’un part, « on se le fait ».

C’est sombre…

Il faut se méfier du pessimisme aussi. Il peut devenir une convention et un autre conformisme comme l’enthousiasme mécanique. Le pessimisme des écrivains que j’aime tourne parfois à la posture. C’est une autre doxa, un politiquement correct inversé.

Il vaut donc mieux être Philinte qu’Alceste…

Mon éthique de 2017 ? C’est pas la faute des autres et je ne juge personne. Je veux décider de ne pas avoir d’opinion.

Par exemple ?

Si j’ouvre W9 et que je vois Les Ch’tis dans la jet set. Ce sont des gens avec des casquettes en arrière, des filles avec des shorts très appétissants, des maillots de bain, une maison, une piscine et des dialogues insensés. Je regarde ça, ahuri, mais je n’ai pas d’opinion. Sur l’écran, il y a une histoire d’amour, puis il y a une fille qui n’est pas intégrée, puis ils vont se balader en voiture et puis ils se refoutent à poil. Ils sont bronzés avec plein de tatouages. J’objective. Je m’informe pour savoir combien de gens regardent cette série, combien de gens regardent Plus belle la vie. 3,4 millions pour Plus belle la vie, et Bruno Dumont ne fera jamais plus de 1,5 million. Mais ce serait trop simple si le camp du bien, c’était Bruno Dumont, et le camp du mal, Les Ch’tis dans la jet set. Tout cela est une énigme et tout cela me dépasse. Je me contente d’aller dans un minuscule théâtre de 70 places pour dire du Charles Péguy, au magnifique Théâtre du Montparnasse pour dire Le Bateau ivre.  • 

« Pourquoi Péguy ? Parce qu’il y a chez lui une haine de la modernité et j’y suis toujours assez sensible » 

 

* Poésie ? Du 7 au 20 mars. Tél. : 01 43 22 77 74 – www.theatremontparnasse.com

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1 commentaire pour “Culture & Société • Luchini : « Péguy, Zola, Marx et moi… Des cimes de la littérature aux mornes plaines de la politique »”

  1. Cincinnatus
    dimanche 5 février 2017 at 10 h 03 min | Répondre

    imonsieur Luchini est un self made man intellectuel. Il n’a pas de diplômes ronflants ni de productions littéraires personnelles , c’est avant tout un interprête et avec sa parfaite diction qui avec le choix pertinent de ses auteurs préférés nous fait partager de grands moments de bonheur. . C’est un messager et un enseignant par le choix de ses textes, sa devise est « transmettre  » et il le fait en artiste accompli. Qu’il soit remercié pour sa lecture de Céline , de Murray et bien d’autres et s’il n’est pas moderne tant mieux,

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Un mini-dossier en 6 parties. Analyses et propositions. Une manière d’appréhender la situation française réelle et ses évolutions afin de fixer nos positions. A lire, donc.  Suivre les liens.  JSF     I   II  III   IV   V   VI

Quatre livres fondamentaux de Charles Maurras réédités par B2M, Belle-de-Mai éditions

Enquête sur la monarchie. (Édition de 1925), 39 €, 836 p.

Le manifeste royaliste en ouverture du XXe siècle ! (Parution courant 1900). Maurras y pose la célèbre question : « Oui ou non, l’instauration d’une monarchie héréditaire, antiparlementaire traditionnelle et décentralisée est-elle de salut public ? » !   

L’Avenir de l’intelligence, 25 €, 244 p.

Une étude de l’histoire politique et intellectuelle du XVIe au XXe siècle, où Maurras à montre comment les intellectuels et artistes attachés à produire des œuvres de l’esprit sont passés « de l’autorité des princes de notre Sang sous celle des marchands d’Or », les immenses fortunes industrielles et bancaires qui limitent la liberté de l’esprit. Maurras en appelle à une alliance entre les intellectuels et le patriotisme des Français pour renverser cette mécanique.

Kiel et Tanger, 29 €, 428 p.

Maurras y constate la tragique infériorité du régime républicain en matière de politique internationale, spécialement face à la menace allemande de l’époque. Prévoyant la guerre à venir il conclut à la nécessité de remettre un roi à la tête du pays. Prolongeant le réalisme de la pratique capétienne des relations internationales, ancêtre de la pensée géostratégique française.

La Démocratie religieuse, 31 €, 620 p.

Parution en 1921, compilant trois textes préalablement écrits par Charles Maurras : Le Dilemme de Marc Sangnier (1906) – – La politique religieuse (1912) – – L’Action française et la religion catholique (1914). Cet ouvrage voit dans la démocratie une religion nouvelle qui vide le politique de sa puissance.

Et aussi…


Henri Massis, Georges Bernanos, Maurras et l’Action française, présentation de Gérard Pol, 18 €, 104 p.

Léon Bloy, Le salut par les juifs, avant-propos de Laurent James, 20 €, 156 p.

Commandes et renseignements : B2M, Belle-de-Mai éditions – commande.b2m_edition@laposte.net

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