Dans l’un de ses trois précieux C’était De Gaulle, Alain Peyrefitte rapporte qu’en toute matière diplomatique le Général affirmait souvent : « C’est nous qui avons la clé…». Peyrefitte ajoute narquois : ce n’était pas une clé que nous avions, c’était un trousseau. C’était De Gaulle.
Dans tout conflit, il reste bon, toutefois, si l’on cherche à comprendre, de savoir quels sont ceux – ou celui – qui détiennent les clés de son éventuel dénouement. Or, par les temps qui courent, force est de constater, volens nolens, que la Russie les a souvent en mains et qu’elle a les moyens, plus encore, la volonté, de s’en servir.
C’est ce qui se passe actuellement dans le Caucase, au Haut-Karabakh, après deux semaines de durs et sauvages combats entre Azerbaïdjanais et Arméniens.
L’U.E. avait demandé – bien-sûr, en vain – l’arrêt immédiat des dits combats et dans nos divers pays ouest-européens, déclarations martiales et imprécations de type politico-religieux ont foisonné, selon l’habitude.
Moscou, sans grand tapage, a convoqué et réuni les chefs de la diplomatie arménien et azéri vendredi à Moscou, il en est résulté le cessez-le-feu que l’on sait. Il est ce qu’il est mais Poutine veillera sans-doute à plus long terme au retour à l’ordre dans le Caucase.
Pour que nul ne s’y trompe, un spécialiste russe a précisé ce qui suit : « L’histoire montre que l’ordre et la paix en Transcaucasie n’ont été instaurés que lorsque Moscou est entré en action », et encore ceci : « Il y a environ cinq millions d’Azerbaïdjanais et d’Arméniens qui vivent en Russie. Pour nous, ce n’est pas un conflit étranger ».
Que fait la France ? Dans l’affaire des troubles biélorusses, plutôt que de se rendre à Moscou, Emmanuel Macron, tel un secrétaire d’Etat étatsunien, a préféré visiter les capitales des pays baltes… Funeste irréalisme qui nous met, une fois de plus, hors-jeu.