Par Rémi Hugues.
Ce dossier consiste en une suite de 7 parties – dont celle-ci. Les suivantes seront publiées dans les jours qui viennent. Elles seront ultérieurement réunies en un document unique pour consultation.
Maurras établit ainsi un parallèle entre la franc-maçonnerie et lʼÉglise : « sa grande rivale, lʼÉglise catholique, dispose, elle aussi, dʼune organisation puissante et plusieurs espèrent ou craignent sa transformation en oligarchie directrice de la République. »[1]
LʼÉtat libéral-démocratique et républicain est aussi maçonnique. Le Maître de Martigues considérait que la « république en France, dans la France de 1880 et de 1900, appartient, de nécessité et par une sorte de droit, au parti maçonnique international. »[2]
La contre-Église spécifique à lʼÉtat « moderne » est la franc-maçonnerie, qui constitue son deep state, son « État-profond », pour reprendre un syntagme à la mode. Il faut mentionner ces lignes extrêmement intéressantes sur ce point :
« Si […] les rues sont balayées en hiver, arrosées en été ; si la poste circule ; si les impôts rentrent régulièrement ; si les conscrits sont enrôlés à terme fixe et congédiés au jour dit ; si les marchandises payent au port les taux indiqués par la loi ; si les préfets administrent, si les ambassadeurs traitent et négocient ; si, en un mot, les affaires courantes sont expédiées de telle sorte quʼil paraisse y avoir une France et que la République ait suffisamment lʼapparence dʼun gouvernement, soyez-en sûr, mon cher président, cʼest à lʼoligarchie maçonnique que nous le devons. Bien ou mal, elle a pris la succession des gouvernements réguliers. Bien ou mal, elle continue leurs fonctions indispensables. Elle dispose dʼun personnel éprouvé. Soutenue et conduite par la ploutocratie, elle supplée à lʼinstabilité constitutionnelle, elle crée une suite de desseins politiques et administratifs, elle fournit le minimum de continuité nécessaire. »[3]
Pour Maurras, la franc-maçonnerie sous la IIIème République jouait le rôle de syndicat central, de moyen de synergie, de vecteur essentiel permettant aux groupes élitaires mobiles, étrangers, de se fédérer et de coordonner leur action : « Par une rencontre historique pleine de sens, qui rend hommage à la loi naturelle des groupes sociaux, fussent-ils antisociaux, le recrutement de cette oligarchie fait une large part au normal et double facteur de lʼhérédité naturelle et de la tradition historico-religieuse.
Elle se recrute en effet chez les Juifs, les Protestants et les Métèques, syndiqués dans la Franc-Maçonnerie. Ma théorie des Quatre États confédérés, héréditaires souverains de la République, peut servir de contre-épreuve à la théorie de lʼhérédité dans la Monarchie, expression du bien national.
On peut dire aux républicains qui sont restés dʼesprit français : vous avez renversé vos chef-nés, fils de votre race ; vous subissez des chef-nés étrangers, ou dénationalisés, et qui vous dénationalisent vous-mêmes. »[4]
Maurras sʼinsurge contre lʼaliénation culturelle des élites dʼorigine française. Cela, outre le grand remplacement des gouvernants français par des gouvernants allogènes, participe dʼun phénomène global de dé-Francisation. Et, soutient-il, ce phénomène est perceptible par la masse de ses concitoyens. Il constate en effet que le peuple « tient en défiance croissante l’effort dʼune haute finance internationale qui, ayant dragué lʼor, capte lʼopinion au moyen de lʼor, et, au moyen de cette opinion serve, crée un régime qui asservit le pays »[5].
La franc-maçonnerie occupe la fonction de réceptacle, dʼorgane réticulaire, de deux aspirations profondes, lʼune matérielle et lʼautre morale. Elle est le point de rencontre entre le financier et le métaphysique, où sʼeffectue un travail dʼinversion de la nature spirituelle de la France, le christianisme. Maurras écrit :
« Sa puissance date dʼun siècle. Paraissant toujours favoriser la politique de gauche, elle compte à son actif, elle montre comme autant de victoires gagnées tous les désordres révolutionnaires qui ont désorganisé et ensanglanté le pays. Elle crée de ce chef, en sa faveur, un grand et puissant préjugé. […]
Cette Maçonnerie sʼappuie dʼabord sur un groupement semi-ethnique de plus dʼun demi-million dʼhommes, les protestants : vieux de trois siècles, tenant au plus vif de la chair et de lʼâme, représentant les plus vivaces rancunes historiques, ce groupe nʼest pas un simple concours de volontés. Il signifie une manière dʼêtre, de penser, de sentir, conséquemment dʼagir. Par-dessus les formules quʼil invoque ou les décisions quʼil manifeste, le protestant français est incapable de ne point obéir à certaines voix profondes de lʼintérêt de son clan ou de sa tribu. […]
Mais lʼintérêt protestant ne règne pas seul dans les Loges. Il y rencontre pour se solidariser avec eux, selon la formule de Thiebaud, les intérêts juifs. Le monde juif, plus encore que le protestantisme, est un groupement naturel. Il sʼattribue chez nous tous les droits dʼune aristocratie. Il en exerce à quelque degré les fonctions, en ce quʼil ouvre et ferme la bourse. Entre juifs, il est à peine besoin de négocier les conditions dʼune entente. Leur accord est tout spontané sur les grandes questions qui intéressent la communauté judaïque, ou même la communauté française. […]
Il sʼy joint du reste un autre concours : cʼest le Métèque ou lʼétranger domicilié parmi nous ; cʼest la ploutocratie européenne si bien représentée à Paris ; cʼest enfin les gouvernements étrangers. LʼÉtranger, la grande Banque cosmopolite et les différents hôtes qui prospèrent sous notre ciel ont tous quelque intérêt à ce quʼaucun ferme pouvoir nationaliste ne rende à la France lʼorganisation, la vigueur et la discipline »[6].
Mais, dissimulant cette arrière-boutique de la République quʼest la coterie maçonnique, la loterie des élections au suffrage universel est assimilable aux ombres de la caverne décrite dans le livre VII de La République de Platon. ■ (À suivre, demain).
[1] Ibid., p. 255.
[2] Ibid., p. 253.
[3] Ibid., p. 254.
[4] Ibid., p. CXXIII.
[5] Ibid., p. CXXIX.
[6] Ibid., p. 258.
Michel Michel a mis en lumière ce que l’analyse maurrasienne dite des quatre-états confédérés comportait de conjoncturel au temps de l’Enquête sur la monarchie. Quelle analyse devrait-on en faire de nos jours en raison même des réalités actuelles de la société française ? Nous conseillons de se reporter à la réflexion de Michel Michel, la plus proche de ce que nous pensons ici. Pays réel / pays légal, réadapter l’analyse de ces réalités … Postface après 50 ans [1] [2] [3].
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
Publié le 21 août 2020 – Actualisé le 6 juin 2022
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
Toujours intéressant, mais aujourd’hui, sous entendre que les franc-maçon dirigent le pays, c stupide, mettre les protestants comme des citoyens de seconde catégorie est impensable, quant aux juifs, je suis révolté !, ils sont pleinement français et intégrés, fidèles citoyens !
Alors, certes il faut remettre ce texte dans son contexte, mais surtout ne pas faire de contre sens pour aujourd’hui et ne pas se tromper de cible!
Respectueusement
Vive le Roy
Révolte’ pour les juifs et pas pour les protestants ?
Les juifs haïssent les Chretiens de toute leur existence ils les ont combattus
Alors moi je ne suis pas révolté