La haine, c’est mal. La démocratie, c’est pas compliqué : plus de 150 journalistes veulent censurer Éric Zemmour

Eric Zemmour, le 19 octobre 2021. Hans Lucas via AFP

Par Jean-Loup Adenor.

Article bienvenu qui traite d’une nouvelle affaire d’intolérance gaucharde, dont tout le monde parle. Et qui en traite avec vigueur, intelligence et raison. Par delà le rappel assez convenu de la déontologie bafouée et l’invocation de la sacrosainte liberté d’expression, l’auteur en vient néanmoins à défendre peu ou prou, ces mauvais Français que nous ne saurions voir et qui trouvent en Zemmour l’énoncé de vérités qui sauvent, selon l’expression de Pierre Boutang. Il ne s’agit pas tout à fait de liberté d’expression en soi mais de bien davantage : la liberté d’une très ancienne et très grande nation de ne pas vouloir mourir. Les lecteurs de JSF apprécieront et, comme ils savent si bien le faire, ils commenteront.  [Marianne, 25 octobre]   


   Ces journalistes « respectueux des valeurs démocratiques », assurent-ils, ont publié dans « Mediapart » une tribune visant à couper le micro à certaines « personnalités publiques ». Ils assument de vouloir les « invisibiliser » ou les « combattre ». Sans jamais le nommer, leur cible n’est autre qu’Éric Zemmour, qui doit jubiler d’avoir poussé ces nouveaux censeurs à sortir du bois.

Cachez ces mauvais Français que nous ne saurions voir ! Dans une tribune publiée sur l’espace blog libre de Mediapart, plus de 160 journalistes, certains sous anonymat, se sont déclarés « pas complices de la haine » et appellent à ne plus traiter de certains sujets ni de débattre avec certains candidats. En ligne de mire : Éric Zemmour. Dans un texte mêlant condescendance et manichéisme, ils expliquent pourquoi, selon eux, les journalistes qui traitent « avec jubilation » des idées d’Éric Zemmour sont « complices de la pire des idéologies ». C’est-à-dire le « fascisme ». Rien que ça.

Près de vingt ans après le 21 avril 2002, il faut croire que ces journalistes n’ont toujours pas compris que le mépris qu’ils portent à certaines thématiques – et donc à certains Français – ne produit aucun effet. Ou plutôt : il produit l’effet exactement inverse à celui espéré. Avoir « invisibilisé », terme à la mode dans un certain milieu militant radical, les thèmes et propositions de l’extrême droite n’a jamais empêché celle-ci de monter dans l’opinion publique. Cette « invisibilisation » participe, en revanche, de la défiance qu’une partie de la population manifeste vis-à-vis des médias, accusés de faire progresser les idées qui leur conviennent le mieux. Cette tribune, signée par les défenseurs de valeurs « humanistes et des identités multiples », l’assume d’ailleurs parfaitement : « Nous, journalistes, sommes très au clair sur nos combats : la haine, l’exclusion, les discriminations tuent. » La haine, c’est mal : sacré programme.

NOUS, JOURNALISTES COMPLICES DE LA HAINE

Selon les signataires de cette tribune, les journalistes qui traitent de l’extrême droite ne peuvent se répartir qu’en deux catégories : la première, composée des journalistes qui demeurent silencieux à cause de « la précarité grandissante du métier » et qui, sous le bâillon, « ne sont pas en accord avec cette pratique du journalisme qui consiste à créer un ou des monstres ». L’autre catégorie est celle qui joue « délibérément un rôle dans la montée du fascisme, du racisme, de l’antisémitisme, des LGBTQIphobies et de la misogynie en France et qu’ils et elles en seront en partie responsables ». Des génies du mal, qui se délectent de créer ce Frankestein d’extrême droite pour booster les audiences. Dans cette dichotomie d’un manichéisme caricatural, on cherche encore la place des journalistes qui travaillent, sincèrement soucieux de comprendre ce qui se passe dans le pays. Qui font leur métier, en somme, sans chercher à pré-sélectionner les candidats valables. Et selon les critères de qui ?

À Marianne, bien sûr, nous avons consacré notre numéro 1283 de la semaine du 15 octobre à ces Français qui s’apprêteraient à voter Zemmour. Nos reporters sont allés les rencontrer, à Versailles, Nice et Dunkerque. Voici donc les visages de la « haine » : « Quand Marine Le Pen ne parle que d’immigration, lui parle de notre pays », lançait Aubry à Vincent Geny, notre journaliste qui s’est rendu à Versailles. « On est à bout, il a fallu que notre fils autiste saute d’un balcon pour qu’on lui trouve enfin un foyer spécialisé », témoignait Anne, une enseignante, auprès d’Emilien Hertement, en reportage à Nice« Nous, musulmans, on a pas trop la côte ici »,confiait pour sa part Ursula à Anthony Cortes, en déplacement à Dunkerque. La jeune femme, issue d’une famille musulmane, précisait par ailleurs que la candidature du polémiste « intéresse même des personnes de ma famille… Je ne comprends pas. »

Une chose est sûre : si la totalité des journalistes de France décidait de se conduire comme les plus de 150 signataires de la tribune, Ursula n’aurait certainement aucune chance d’y comprendre quoi que ce soit. Mais ces journalistes-là, « respectueux des valeurs démocratiques », précisent-ils, auront toujours pour eux la conscience intacte, la tête haute et les mains propres. Pour les signataires de la tribune, Éric Zemmour n’est rien d’autre qu’un pur produit médiatique, il ne représente rien ni personne et sa fulgurante ascension n’est à mettre sur le compte que des rédactions, des télévisions, qui ont créé le monstre. Fastoche !

NI MÉPRIS, NI COMPLAISANCE

Pour faire court : les Français sont trop cons. Ils allument la télé et votent pour le premier type qui déblatère des idées radicales. Coupez-leur la télé, à ces mauvais citoyens, et ils s’empresseront de voter pour Anne Hidalgo, la légalisation de la GPA ou la régularisation de tous les sans papiers. Bien sûr, on pourrait analyser comment la politique et le spectacle ont peu à peu fusionné ces vingt dernières années, et pas seulement à droite. Mais ce travail nécessaire ne suffirait pas à expliquer les mécanismes de l’ascension d’Éric Zemmour. Natacha Polony rappelait récemment dans nos colonnes ces mots de Philippe Muray, au lendemain du 21 avril 2002, qui voyait dans le vote Le Pen une façon pour le peuple de se saisir d’un gourdin : « Quand on prend un gourdin pour fracasser quelque chose, écrivait-il, cela n’implique pas qu’on soit gourdiniste ; ni qu’on souhaite voir accéder ce gourdin aux plus hautes fonctions. »

Les raisons qui poussent certains Français à s’emparer du gourdin Zemmour n’appellent donc ni mépris, ni complaisance non plus. Elles appellent à un travail journalistique sérieux, rigoureux, un travail de terrain associé à une analyse politique et idéologique de ce qu’incarne cet essayiste. Il y a ce vieil adage dans le métier : il ne s’agit pas d’interviewer celui qui dit qu’il pleut, puis celui-là qui assure qu’il ne pleut pas. Le journalisme, c’est ouvrir la fenêtre et vérifier. On peut déplorer que ces signataires aient décidé de fermer les volets.   

Journaliste

 

 

3 commentaires pour “La haine, c’est mal. La démocratie, c’est pas compliqué : plus de 150 journalistes veulent censurer Éric Zemmour

  1. Le bourbier de l’esprit Français.

    Le peuple de France décline , et ce depuis la tromperie de la révolution Parisienne, revendication d’un peuple qui a faim récupérée par quelques défroqués qui ont été conduit à leur propre décapitation. Le peuple n’a pas obtenu la liberté et l’égalité quant à la fraternité. Tout ces massacres ont conduit directement à l’empire, que dis je aux empires.

    Depuis toujours les peuples et le peuple de France en particulier obéissent aux ordres verticaux des gestionnaires auto mandatés. Sauf que l’esprit de ces hommes est forgé par une culture, qui est elle même est induite par la religion. Et la religion Chrétienne qui se voulait horizontale est devenue par le catholicisme de Rome verticale. Le catholique abandonné est devenu frileux et se cache derrière les murs de son jardin, ignorant ses voisins proches. Quelle image donnons nous au monde, et particulièrement à ceux qui débarquent avec pour seule fortune leurs habits. Les musulmans imposent leur vision de la vie , s’ils peuvent s’imposer si facilement c’est bien que nous avons abandonné toute intelligence spirituelle. Or de tous temps les hommes ont pensé et inventés des dieux. L’athéisme n’est que sursaut d’orgueil.

    Oui depuis toujours la politique est un théâtre public ou le peuple spectateur reçoit le mensonge à subir, et tous les partis politique sont constitués pour prolonger la gestion sociale actuelle. Les nouveaux moyens techniques permettent de porter le mensonge jusque dans les plus petites chaumières. Mensonge des guerres qui auraient pu être éviter, parce qu’une caste de privilégiés ne veut pas perdre ses acquis , ce qu’elle reprochait très justement à l’ancien régime. Alors tous ces nantis de la république vont tout faire pour arrêter un homme qui est le seul a proposer la rupture sociale, la rupture du politiquement correct. Satanas, passer du monde politique vertical au monde de gestion horizontale, c’est s’ouvrir aux autres sans arrières pensées. Pauvres Français sans esprit,, contant de ton bien être matériel, tu es déjà dans l’antichambre de la mort cérébrale.

  2. Depuis près d’un demi siècle, les « élites » autoproclamées ne cessent de faire passer en force des projets que la majorité des Français REFUSE , l’abolition de la peine de mort, le mariage pour tous et bientôt peut-être, des enfants en vente libre, et bien sur l’immigration invasion que 67% des Français NE VEULENT PAS, alors ces gens là, qu’ils aillent exercer leur mauvais talent en Chine Rouge, à Cuba, en Corée du Nord, et qu’ils nous FOUTENT la PAIX

  3. Ainsi 160 journalistes, dont certains sous couvert d’anonymat, ont publié sur l’espace blog libre de Médiapart une tribune « Journalistes, nous ne serons pas complices de la haine ». Dont acte.
    Il se trouve que, depuis le début de la corona folie, je suis un lecteur assidu, sur le site Médiapart, du blog de Laurent Mucchielli.
    Ce blog se présente sous forme d’épisodes et je soulignerai l’épisode 55 « La crise sanitaire a révélé l’inquiétant déclin du journalisme ».
    https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/150721/la-crise-sanitaire-revele-l-inquietant-declin-du-journalisme
    Article lumineux qui explique ce que sont devenus les journalistes, aujourd’hui.
    Les derniers épisodes du blog de Laurent Mucchielli ont d’ailleurs été censuré par Médiapart ! Ce qui donne une idée de la liberté à géométrie variable de ce site. Il ne faut pas remettre en cause la doxa officielle sinon on est calomnié et réduit au silence.
    Question subsidiaire : Où est la haine ?

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