La métamorphose de Noël : de la célébration de la Nativité des deux glaives, le verbe et l’esprit, à la bouffée délirante consumériste (3/3)

Jésus au Temple

PAR RÉMI HUGUES.     

Lors de la Cène, d’après l’évangile johannique, Jésus annonça qu’il enverrait un autre défenseur – traduit du grec « parakletos » – et il prévint antérieurement ses ennemis que, contrairement à lui, cet être cherchera la gloire – « Pour moi, je ne cherche pas ma gloire ; il y a Quelqu’un qui la cherche et qui fera justice. » (Évangile selon saint Jean, 8 : 50) – et qu’il rougira de lui et de ses paroles – « Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles au sein de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi en rougira, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. » (Évangile selon saint Marc, 8 : 38) –, ce qui n’est pas sans rappeler ce passage du livre de Zacharie, où il est question du Messie : « Ce jour-là, les prophètes rougiront chacun de leurs visions quand ils prophétiseront » (13 : 4).

La fonction de Jésus fut d’être tué, la sienne sera de tuer, d’éliminer le Mal, dont la Bête est l’hypostase, de façon à prendre la place de Satan en tant que princeps hujus mundi, c’est-à-dire commandant en chef de notre terre.

La parabole des vignerons homicides

À ce sujet, la parabole des vignerons homicides, que l’on retrouve notamment dans l’évangile selon saint Matthieu (des versets 33 à 42 du chapitre 21) est fort éclairante.

Le propriétaire de la vigne désigne Dieu, et son départ à l’étranger renvoie au tsim tsum[1], au retrait de Dieu de sa création, qui ne doit évidemment pas être compris comme une absence totale. Ses locataires correspondent aux forces du Mal : ils refusent de lui verser le loyer que viennent leur réclamer à sa demande ses serviteurs. Ces derniers sont les prophètes. Les locataires les persécutent, les souffrances qu’ils doivent endurer étant à l’image des épreuves qu’eurent à subir Élie, Jérémie, Isaïe, Ézéchiel ou Job.

Ensuite, le maître de la vigne envoie son propre fils. Dans cette parabole, comme dans d’autres, Jésus-Christ parle de lui-même. Il est ce fils, et annonce sa Passion : en le voyant arriver les vignerons se disent qu’en éliminant l’héritier ils pourront récupérer l’héritage. Ainsi l’exécutent-ils.

Or en faisant mourir son fils, les vignerons poussent le propriétaire à revenir afin de les occire. Ce retour du maître correspond au Second Avènement, événement apocalyptique où tout ce qui s’est lié au Mal doit systématiquement périr, disparaître, être anéanti.

Le Christ est alors Pantocrator, tout-puissant-sur-terre, à côté duquel les innombrables super héros modernes tels que Neo dans Matrix, Superman, Batman, Spiderman, etc., font pâle figure.   

À Noël, c’est par conséquent de l’Avènement dont il faut se réjouir, avec un « a » majuscule pour souligner sa dimension complexe, plurielle, parce que duale. Celui des deux glaives de Dieu, des deux personnes messianiques : Dieu aime tant ses « microthéos » reliant Ciel et Terre – les êtres humains –, la plus belle de ses réalisations, qu’il les leur envoie afin que l’Éden soit restauré, pardonnant ainsi le péché originel commis par Adam.

François Sauzey, ancien directeur à New York de Trialogue, la revue de la Commission Trilatérale, dont il était le porte-parole pour l’Europe, diplômé de Sciences-Po Paris et de la John Hopkins University, traducteur des Cantos d’Ezra Pound, voulut alerter de l’inéluctabilité de l’irruption de cette restauration, soulignant qu’elle n’irait pas sans grabuge, et de surcroît qu’elle était imminente, dans le sens où le XXIème siècle en serait le théâtre, dans son remarquable livre Anti-Prince (1996) comme il le précisa en exorde, où il indique que cela l’agitait depuis ses années d’étudiant. Le mot qui clôt ce poème politique est… « Nativité ». 

 

[1]Vocable hébraïque « que les Pères grecs traduisent kénosis, et que nous pouvons exprimer par les idées de contraction, limitation, concentration de Dieu dans Sa Création. », Annick de Souzenelle, La lettre chemin de vie. Le symbolisme des lettres hébraïques, Paris, Albin Michel, 1993, p. 293. « Sans le retrait d’Elohim, la Création ne pourrait s’accomplir », p. 267, note-t-elle quelques pages avant.


À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)

 

 

 

© JSF – Peut être repris à condition de citer la source

 

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