Bouillon de culture : gros malaise à Avignon


Par Mina Boto*. 

Faut-il ajouter quoi que ce soit à la honte que les autorités françaises de notre pays – toutes ! – tolèrent de tels agissements et ne décident d‘interdire que ceux qui, bien ou mal, se réclament de la Tradition et de l’héritage qui est le nôtre, en propre ? Au moins sachons que le racisme anti Blancs le plus extrême, vulgaire et sot se déploie largement, fréquemment, librement, chez nous, tel qu’il est décrit ici. La complicité ou même l’approbation, en tout cas la passivité, du Pouvoir sont sûrement de nature à lui ôter ce qui pourrait lui rester de légitimité dans la conscience des Français. 

Que s’est-il passé au cours du très polémique spectacle de Rébecca Chaillon, Carte noire nommée désir, programmé dans le festival « In » d’Avignon ? La metteuse en scène promettait de « rendre visibles les problématiques de sexisme et de racisme ». Chiche ! Je patiente dans la file d’attente. Une hôtesse me signale qu’en tant que femme noire je suis prioritaire. ­Première gêne. Pas la dernière.

À l’intérieur, il y a d’un côté les Noires, confortablement assises (et nourries gratuitement) dans un carré VIP situé sur scène. Et, face à elles, et de ce fait exposées au regard du reste du public, les gradins réservés aux Blancs. Même salle, deux ambiances. Pour un spectacle dégoulinant de clichés, porté par huit comédiennes… noires et nues. Deux heures quarante-cinq interminables. On en parle, de l’image des femmes noires réduites à leur nudité ? En réalité, le spectacle instaure les injustices qu’il est censé dénoncer, quand arrive l’incident. Lors d’une scène visant à démontrer le « privilège blanc », les comédiennes noires s’avancent dans les gradins des Blancs pour « voler » leurs sacs.

Quand l’un refuse de céder le sien, il se fait siffler, huer, traiter de colon. Un vrai lynchage. Un vigile (désolé) est même réquisitionné pour l’expulser, la metteuse en scène lui ayant lancé : « Tu sors, tu es chez moi. » La foule, chauffée à blanc, crie dans un même élan : « Tu sors, tu sors ! » Il reste vingt minutes, d’un air irrespirable. Le spectacle se termine sur une rupture insurmontable. D’un côté, un public acquis à l’artiste (« on t’aime, Rébecca ») ; de l’autre, des personnes venues voir un spectacle antiraciste, qui en repartent choquées et apeurées, comme la femme du spectateur agressé. 

* Publié sur Franc-Tireur n°90

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